L'histoire :
Les tensions sont vives à Kuala Lumpur, théâtre des cérémonies de réconciliation entre les civilisations humaine et sandjarr. En effet, à la veille de l’évènement, un mystérieux fléau ravage le microcosme de la mangrove locale, ce qui excite les pêcheurs. Ceux-ci accusent en effet une colonie nomade d’extraterrestres, prétextant leurs mœurs répugnantes (les rapakhuns sont cannibales) d’être à l’origine d’une bactérie ou d’une pollution. Un raid vengeur des pêcheurs tourne à la tragédie, puis des émeutes explosent en ville. En première ligne du protocole, l’humain Caleb et la sandjarr Mezoke, diplomates de l’ODI, sont divisés sur la résolution à prendre. Mezoke estime que le contexte complètement bancal mérite l’annulation de la cérémonie. Caleb insiste au contraire pour que la réconciliation ait bel et bien lieu : la symbolique politique est trop importante. Les instances de la confédération portent alors leur confiance sur les arguments de Caleb, mais il met dès lors sa carrière en jeu si cela tourne mal. Pendant ce temps, Nina et son névronome Angus sont sur la planète Dehadato, dernière étape des rapakhuns, où ils enquêtent sur ce que les nomades ont bien pu rapporter de là-bas. Elle extirpe alors de la carcasse de son appareil un braconnier sulfur crashé dans un marécage, suite à une traque qui a mal tourné. Elle le soigne à bord d’Angus et quand il revient à lui, elle l’interroge. Nina apprend alors la nature épouvantable de l’ennemi qui s’est installé sur Terre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Orbital est une bouffée d’air frais salvatrice, dans un registre de science-fiction particulièrement dépouillé, ces dernières années, au sein du panorama bédéphile. Chaque épisode est attendu fiévreusement par les (nombreux) fans et jusqu’à présent à raison : chaque intrigue se révèle riche en tensions, inventive dans les problématiques diplomatiques et psychologiques et fourmillant de détails et de trouvailles dans son rendu visuel. Sylvain Runberg et Serge Pellé confirment donc toutes leurs promesses entrevues au début de la série, en nous offrant un digne successeur à Valérian. Ce tome 4 repart logiquement en pleines tensions diplomatiques : le protocole de réconciliation humano-sandjarr doit-il être maintenu, étant donné qu’un péril tiers est sur le point d’en perturber la symbolique ? On passe de flashback étonnant (le violent engagement politique de jeunesse de Caleb), en révélations frissonnantes (la nature du « fléau »), de négociations délicates en scènes d’action palpitantes (le « fléau » passe sévèrement à l’attaque !). Les concepts biologiques et techniques évoqués trouvent aussi leur juste extrapolation à travers le dessin de Pellé, qui nous téléporte littéralement loin dans l’espace et le futur. Au rythme d’un découpage et de cadrage impeccables, certaines vues sont une nouvelle fois… monstrueuses : les plans larges urbains, la moiteur des marécages, le bestiaire des aliens, les attaques… On lui pardonne volontiers le bordel sur son bureau (un cliché est pris en début d’album). Cette fin de cycle est aussi marquée par le désaccord croissant entre les deux héros et par un final qui nous abandonne particulièrement démunis et perplexes… Cochon de scénariste, va ! (un troisième cycle est d’ores et déjà heureusement au programme…)