L'histoire :
Quelque part dans l'espace confédéré, dans la soute d'un grand cargo spatial, une foule bigarrée issue des quatre coins de l'univers est assise à même le sol. Elle discute dans des langues multiples, attend l'arrivée sur l'astroport de Lugmila. Les forces confédérées vont les faire passer à travers les douanes pour rejoindre la planète Drenn. Le commandant Grello soudoie le chef des agents en lui fournissant des doses de drogue, pour faciliter l'approvisionnement de marchandise interdite pour le Cartel des Cimes. Car c'est une organisation criminelle qui fait régner l'ordre en secret dans les sous-sols de Drenn, vers où ils emmènent tous les passagers clandestins de l'astrocargo. Six mois de travaux forcés pour tous ces passagers qui ont fui leur monde d'origine, avant qu'ils soient acheminés vers une destination finale. C'est le prix à payer à ces passeurs de l'espace, qui vont faire régner la violence dans le camp de travail où ils viennent d'arriver. Dans les sous-sols de la capitale, d'immenses créatures sont tenues attachées, les travailleurs grimpent sur leurs corps immenses au bout de filins et de tracto-ventouses. Leur travail consiste à recueillir la graisse des permapodes, un produit interdit qui sert de matière première pour la fabrication de médicaments de contrebande. Parmi les prisonniers réduits en esclavage, une jeune terrienne se fait remarquer. Rares, en effet, sont les représentant de l'espèce humaine à atteindre ces confins. Blessée par les vapeurs toxiques qui émanent de la peau des animaux maltraités, elle va faire une rencontre qui va changer beaucoup de choses.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sylvain Runberg poursuit ici son exploration de l'univers d'Orbital, avec une nouvelle série de personnages et d'enjeux, même si les visages sont familiers, les humains autant que les êtres originaires de tous ces mondes qui se croisent. Après huit tomes de la série précédente, les codes visuels sont très présents et très fidèles à la série mère. Eric Chabbert, qui reprend les pinceaux après le formidable travail de création de Serge Pellé, le fait avec beaucoup de fidélité à Orbital, les ambiances et même la technique graphique sont proches, tout en apportant son propre style, un poil moins réaliste. Il met les points sur les i assez vite en démontrant sa capacité à dessiner un magnifique paysage de vaisseaux spatiaux et de station orbitale en page 5. Et du coup, on plonge sans résister. Le spin-off se met en place de manière progressive et structurée, même si l'intrigue à ce stade est assez maigre. Les idées visuelles sont très fortes et les pages très belles. Et comme souvent, Sylvain Runberg introduit assez tôt une scène de violence radicale et surprenante, ce qui donne le ton de la menace qui pèse sur les protagonistes. L'immersion dans les profondeurs d'une ville confédérée ne manque pas d'intérêt. Il reste à savoir si les auteurs vont se contenter d'une aventure purement parallèle ou finalement recouper avec les aventures de Calen et Mézoké. Bref, on découvre avec curiosité et un brin de prudence. Et on se prépare à être patients, parce qu'Orbital, c'était quand même huit albums en treize ans, un univers fascinant qui savait se faire désirer.