L'histoire :
15 mars 2020 : Emmanuel Macron annonce un confinement strict en France, comme celui que les chinois ont pratiqué à Wuhan, afin d’endiguer l’épidémie de covid-19. Or ce même jour, Bastien Vivès, Blutch et Catel partagent un déjeuner improvisé chez les Vivès à Fécamp. Dans 48 heures qui suivent, les filles de Catel débarquent à Fécamp, tandis que Bastien et Blutch font un aller-retour en train jusqu’à leur atelier parisien, afin d’y récupérer du matériel : un ordinateur et une tablette Cintiq pour Bastien, un gros pot d’encre de Chine et une plume pour Blutch. C’est décidé : les trois familles vont passer leurs semaines de confinement dans cette ville. A l’extérieur, l’ambiance est digne d’un film de science-fiction. Dans chacun des foyers, les trois artistes y vont de leurs talents respectifs. Le besoin de dessiner est vital. Ils transforment leurs tables à dessin en laboratoires graphiques et s’échangent leurs productions par SMS. Ce sera essentiellement des nus posés pour Blutch (de sa femme), à l’encre de chine. Catel représente quant à elle plutôt l’extérieur, la nature, la ville morte, le port, les falaises, à grands renforts de crayons de couleur. Bastien, lui, travaille sur une BD érotique. Il a envie de se confronter à une technique traditionnelle et se met à dessiner à la gouache et au lavis, de manière réaliste avec des volumes. Il recopie alors des scènes des films de Claude Sautet, des portraits de Michel Piccoli et Romy Schneider, qui le subjuguent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout le monde se souviendra toute sa vie de son premier confinement, durant le printemps 2020. Le premier confinement général de l’Histoire, en somme. Cette expérience d’enfermement individuel – mais collectif – fut en effet tellement surréaliste… et parfois insupportable. A l’époque, en mars 2020, trois artistes, Catel, Blutch et Bastien Vivès font le choix de se confiner dans la même ville de Fécamp, deux mois durant. Ils se connaissent plutôt bien, ils sont amis et ont l’habitude de confronter leurs talents, leurs marottes artistiques et… ils ne vont rien changer à cela. Eux, tout le monde se souviendra désormais de LEUR confinement, car ils partagent leurs dessins dans ce fascicule souple sous la bannière Aire Libre. Un label que dirige José-Louis Bocquet, compagnon de vie de Catel, ceci expliquant sans doute cela… Ce recueil de dessins (les meilleurs ?) se répartie en trois chapitres, chacun étant introduit par un texte de contextualisation. Et pendant ce temps, ailleurs qu’à Fécamp, l’immense majorité des autres auteurs de BD partagent l’avancée de leurs travaux sur Insta ou Facebook avec les profils des quidams de passage. Il est certes toujours intéressant de voir l’intimité créatrice de grands auteurs (ces trois-là font assurément partie des « grands »), de découvrir leurs muses (la femme de Blutch pour Blutch), de comprendre leurs inspirations. Par exemple, qui aurait pensé que Vivès, qui défraie souvent la chronique avec ses BD cul-trash, était fan à ce point des personnages romantiques des films de Claude Sautet ? Autre détail et clin d’œil piquant : les trois auteurs sont représentés en couverture, mais il ne s’agit pas d’autoportraits. Saurez-vous reconnaître qui a dessiné qui ?