L'histoire :
1932. Tandis que l’ombre du nazisme se met à planer sur l’Allemagne, le français Alban Méric et son compagnon grec Manolis, songent à quitter Berlin où ils résident. Il n’y fait plus guère bon être homosexuel... C’est alors qu’Alban trouve, aux puces, une malle ancienne ayant appartenu au général Villenomble, sous les ordres duquel il officiait sur la base grecque de Pavlos durant la 1ère guerre mondiale. Les tragiques évènements de l’été 1916 lui reviennent alors aussitôt en mémoire et il ne résiste pas à l’achat. A l’intérieur, les deux hommes trouvent nombre d’éléments nouveaux et ahurissants, qui apportent une lecture nouvelle des évènements de l’époque. Notamment, ils s’aperçoivent que Villenomble était au courant de leurs activités, de leurs préoccupations, même de leur orientation sexuelle ! Se sentant trahi et surtout intrigué d’avoir été l’objet d’une sorte de complot, Alban part pour Paris. Il profite de ce voyage pour trouver un appartement pour lui et Manolis, et mener son enquête. Elle commencera par Dora Mars, en raison des documents de Villenomble qui la soupçonnent d’avoir été une espionne alsacienne. A son contact, et après un bref entretien, ses doutes sont levés. Cependant, la chanteuse est désormais elle aussi appâtée par cette quête de vérité. Ensemble, ils vont découvrir que Villenomble avait constitué des fiches détaillées sur chacun d’eux, mais aussi sur Elias Cohen, Nafsika Vasli, Edouard Wendell, Armel Flamant… Surtout, ils s’aperçoivent que le « complot » était étroitement mené par 3 personnes, dont un mystérieux traitre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre et la couverture sont deux indices ostentatoires du dernier morceau de cet étonnant puzzle. Enfin, découvrons qui est ce pianiste manipulateur, mystérieux 5e membre du Quintett, qu’on ne voit jamais au cours des épisodes précédents ! A votre avis, qui cela peut-il bien être (tadaaam) ? L’ultime composition de Giroud révèle effectivement un éclairage tout nouveau, 16 ans plus tard, des évènements de l’été 1916 qui se sont déroulés sur la base française de Pavlos. On croyait en avoir fait le tour, étant donné qu’on les a suivis à 4 reprises, à chaque fois de manière palpitante, à travers les regards de 4 protagonistes différents. Que nenni ! Chacun d’entre eux ayant fait l’objet d’un album, se retrouve ici réuni pour une ultime enquête commune. Il est donc indispensable d’avoir bien en tête la trame des 4 premiers tomes pour prendre un plaisir maximum à découvrir ces révélations. Vue l’ampleur des éclaircissements à apporter, l’album est dense, très dense… mais jamais abscond. L’équilibre est tenu, la mise en lumière brillante, tout s’imbrique de manière parfaitement cohérente ! Certes, les palabres inhérent au grand déballage sont nombreux et peuvent paraître a priori fastidieux… mais Giroud sait insuffler du rythme, varier les tensions… et ce diable de scénariste nous tient en haleine jusqu’au terme. L’ultime pirouette narrative (c’est un principe du thriller !) fait même penser au film Seven de David Fincher, ce qui n’est pas la moindre des références en la matière. Graphiquement, suite au mystérieux désistement de Giulio De Vita (qui signe néanmoins les premières et dernières planches des 4 premiers volumes), c’est l’artiste Giancarlo Alessandrini qui s’y colle. Ce ténor du 9e art transalpin a été choisi par Giroud pour accomplir la prouesse de réaliser en un temps record la clé de voûte (80 planches !) de cette œuvre au concept si particulier. On sent une énorme maîtrise du 9e art derrière ces planches réalistes (superbement colorées), qui s’appuient sans doute sur beaucoup d’automatismes. Mais le défi a été tenu, et de fort belle manière. Tout comme le Décalogue en son temps, Quintett compose au final une œuvre conceptuelle très enthousiasmante, qui ravira les amateurs de thriller et d’Histoire. Bravo !