L'histoire :
Et si Satan avait une conscience écologique ? Après tout, Satan a le droit d'aimer les petits oiseaux et le reste. Lorsque Satan voit des humains faire n'importe quoi avec leur planète, cela le contrarie. S'il n'y a plus d'humains à torturer, la vie risque d'être beaucoup plus ennuyante ! Il décide donc de venir sur Terre pour porter un message fort. Or malgré ses bonnes intentions, cela va partir dans tous les sens et devenir incontrôlable. Un petit coup de sang et des choses s'enflamment. En plus, des individus commencent à lui vouer un culte en le nommant « Chaton », ce qui en impose moins. Ils brulent des SUV, des 4x4, des trottinettes électriques et autres véhicules très polluants et cela génère beaucoup de gaz à effet de serre. Vraiment n'importe quoi, cette révolution écologique ! L'être diabolique va même faire un bilan de son chez lui. Après tout, le changement commence par soi. Le résultat d'une analyse du système de consommation aux enfers n'est pas très positif et il va falloir réfléchir sérieusement à quelques mutations. Un mouvement sur Terre a été lancé qui rassemble aussi bien les fans de métal satanique, des gens ordinaires et même les forces de l'ordre. Maintenant il faut impulser la même dynamique au grand sommet pour la guerre. Cependant, le seigneur Cthulhu est d'un tout autre avis et il va reprendre les clés du royaume. « Tout ce que les humains méritent, c'est un bon gros tsunami ». La messe est dite. Est-ce pour autant la fin du boss ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a de quoi être dérouté lorsqu'on lit le titre Satanisme et Ecoresponsabilité et qu'on regarde la couverture. Quel peut-être le lien entre l'écologie et Satan, un chanteur avec un poireau et une mamie sur une trottinette électrique ? Très vite, la logique opère. Loïc Sécheresse est un sacré filou qui a de l'ingéniosité et de la folie créatrice à revendre. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, la préface est signée Geoffrey Dorne, designer indépendant et auteur de deux guides pratiques de citoyens-activistes. Il saura trouver les mots justes pour mieux apprécier une lecture réflexive, qui gardera son aspect humoristique. Il n'est pas toujours aisé de proposer une critique constructive tout en faisant rire. Difficile ne veut pas dire impossible. La preuve en est cette bande dessinée de 208 pages. Avec un dessin assez simple, Sécheresse va à l'essentiel. Il ne se préoccupe pas de faire des jolis cadrages droits ni de lécher les décors. Le plus important n'est pas là. Son Satan est dans les péripéties, à la fois très absurdes et pleines de bon sens. On dévore d'une traite ces 1 700 cases et 80 histoires. On s'amuse des chauffages en terrasse, de la pollution des mers, de la chasse, de l'exploitation des matériaux rares, du greenwashing, de l'élevage intensif... Sans oublier de critiquer l'implication des politiques, le fameux capitalisme vert, l'innovation à tout prix et toutes les conséquences que nous connaissons. En avons-nous tous conscience ? En refermant l'ouvrage, il n'est plus possible de dire qu'on ne savait pas. Et maintenant qu'allons-nous faire ? Rendre gloire à Chaton ?
