L'histoire :
En 1943, durant l’occupation en Belgique, le Journal de Spirou fut interdit de publication par les allemands. Une poignée d’auteurs, dont Al (pseudonyme de Lee Avranski) continua pourtant de publier régulièrement une feuille, une simple page pliée, montrant une illustration mettant en scène Spirou, Fantasio et Spip dans des activités souvent en lien avec l’occupation, toujours dans un esprit bon enfant. Ainsi le ravitaillement, les refuges dans les caves, les défilés militaires, les pluies de bombes, la répression de chaque instant… A chaque fois, dans un coin de ce dessin plein pot, se trouvaient des têtes de Spip orientées dans des directions variées… qui correspondaient à un code : pour ceux qui avaient la grille de décryptage des coordonnées, superposée à la ville de Bruxelles, ce « spipocode » indiquait l’endroit où serait distribuée clandestinement la prochaine feuille ! Dès lors, se procurer le Journal de Spirou sous le manteau devenait une véritable chasse au trésor pour les jeunes lecteurs. Ce sont l’intégralité de ces exemplaires, ainsi que le plan codé, que cet ouvrage propose…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bien des décennies après la fin de la seconde guerre mondiale, un descendant du dessinateur Lee Avranski (peudo Al) a confié aux éditions Dupuis un incroyable trésor : la collection complète des 41 numéros du Journal de Spirou vendus sous le manteau durant la guerre à Bruxelles ! Ou du moins, du support qui servait alors d’interlude aux jeunes lecteurs, tandis que la parution du magazine avait été interdite par l’occupant : une simple feuille dessinée par un émule de Gus Boffa et de Jijé. Publié à l’occasion des 70 ans de Spirou, cet ouvrage recueille la collection complète de ces numéros, ainsi que le plan de Bruxelles codé et fourni avec le premier numéro (plié et déroulable au début, afin de pouvoir feuilleter tout en cherchant les points d’accès). Il n’y a donc pas de scénario, mais les dessins et leurs légendes évoquent bien suffisamment les différents aspects de l’occupation. Ce dessin encré et coloré, très élégant, montre les personnages élancés, dans un style intermédiaire entre la griffe comique et les illustrations de presse féminine. Ils dépeignent nos fringants héros, toujours souriants, espiègles ou frondeurs, se délassant tout simplement (à la pèche, au cinéma…), quoique la plupart du temps dans d’embarrassantes situations liées à la guerre : sous les bombardements, pratiquant le système D, écoutant les messages radios… ils vont même jusqu’à croiser le Führer par hasard en embarrassante posture ! Cet ouvrage n’est donc pas une bande dessinée au sens strict, mais il participe d’une forme de culture mémorielle, instructive et riche de sens pour qui s’intéresse à la période… ou à Spirou !
