L'histoire :
Le filovirus U4 s’est abattu sur l’humanité, avec une prévalence de 82% et une mortalité de 98%. Résultat : Paris est en ruine, avec des carcasses de voitures, des restes de pillage et des cadavres purulents qui pullulent dans les rues. Des rescapés en combinaison s’affairent quotidiennement à débarrasser les rues de cette pestilence… mais ils en laissent toujours, tant il y en a. Jules assiste à cette apocalypse depuis la fenêtre de l’appartement de ses parents, décédés. Il ignore pourquoi lui est épargné. Il sort faire son réapprovisionnement : il suffit de se servir parmi les conserves des rayonnages des supermarchés éventrés. Il aperçoit alors un autre groupe de survivalistes, comme lui… mais ils s’enfuient. Quand il rentre à l’appert, il découvre son frère Pierre, complètement camé, venu récupérer les bijoux de sa mère. Pierre veut revendre ces joyaux contre de la drogue. De toute façon, foutu pour foutu, autant se faire plaisir. Une bagarre éclate entre les deux frères… et Pierre se sauve avec les bijoux. Jules se raccroche désormais à un ultime espoir. Juste avant que tout ne s’éteigne – électricité, TV, radio, Internet – un message de Khronos, le maître du jeu vidéo on-line dans lequel il est expert, lui donne rendez-vous le 24 décembre pour… une mission temporelle qui permettrait d’éviter la catastrophe ! En attendant cette date, Jules prend en charge une fillette survivante et abandonnée à un étage du dessous, Alicia.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Finalement, le coronavirus qui bouleverse notre époque est bel et bien une grippette. Dans cette série-concept issue d’une saga romanesque post-apocalyptique (dont les bouquins sont parus en 2015 et 2016), le filovirus U4 décime 98% de l’humanité ! Comme pour les romans initiaux, quatre premiers tomes adaptés par Denis Lapière et Pierre-Paul Renders (les scénaristes de Alter Ego) paraissent simultanément en janvier 2022 et peuvent se lire dans le désordre, chacun étant centré sur un personnage. Comme pour Alter Ego, un 5ème tome carrefour et clé de voûte paraîtra… plus tard. Dans Jules, nous suivons donc… Jules, adolescent parisien qui organise sa survivance. Il se retrouve grand frère adoptif d’une fillette, rejoint un groupe autonome de survivants, tombe amoureux, participe à des commandos, se raccroche à un espoir qui parait dérisoire (remonter dans le temps !!?). Bref, le contexte est totalement prenant, tout comme les biais de survivalisme. On ne peut s’empêcher de se projeter et de voir des corrélations avec notre crise sanitaire… Mais surtout, pour ses prises de responsabilité héroïques, le personnage principal d’adolescent est aussi très attachant. D’ailleurs, la quasi-totalité des survivants sont des ados, assurément pour mieux permettre l’assimilation des « young adults » auxquels s’adresse cette saga. Au dessin, Adrian Huelva fait le job à l’aide d’un style vif et caricatural (pour les persos) et plus travaillé dès qu’un plan d’ensemble est proposé (les vues panoramiques sur Paris dévastée). Le dessinateur espagnol a eu du pain sur la planche, car il est l’unique dessinateur pour l’ensemble de la série, or chaque opus propose une forte pagination (130 pages pour celui-ci !).