L'histoire :
Par une nuit d’orage sur le village indien d’Anuki, trois poules et un coq espionnent par un trou dans le tipi du chaman. Là, sous l’éclairage d’un feu central, le sorcier terrorise trois enfants en leur racontant l’histoire du « big foot », la créature totem de leur tribu, qu’ils vénèrent et craignent tout à la fois. Jadis, ce monstre hominidé poilu géant saccageait régulièrement le village… jusqu’à ce qu’un enfant ose lui faire l’offrande d’un panier de pommes. Depuis lors, il faut régulièrement alimenter le big foot pour avoir la paix. Le chaman demande donc aux enfants de livrer son dû au monstre… Mais durant la nuit et l’orage, il ne faut évidemment pas compter sur eux. Ils passent donc une très mauvaise nuit, pleine de cauchemars. Le lendemain, tous trois prennent la route indiquée par le plan du chaman, jusqu’à un croisement fatidique. Deux partent donc d’un côté, tandis qu’Anuki se trouve bien obligé de partir seul du sien. Soudain, dans les taillis, une ombre inquiétante se détache ! Anuki ignore au départ que ce sont les poules qui lui jouent une mauvaise farce, à l’aide de branchages…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le big-foot (en français « Grand-Pied »), ou sasquatch, est un monstre de légende caractéristique de la mythologie amérindienne. C’est à cette créature géante et effrayante que va se confronter le petit indien Anuki dans cette cinquième aventure muette, à destination des jeunes lecteurs. Vu le pitch, les auteurs jouent logiquement à plein rendement sur le principe de l’épouvante, sur les ambiances lugubres et les situations surprises et inquiétantes… mais avec un visuel adapté aux petits. En effet, que les parents se rassurent : aucun membre n’est écartelé, aucune giclée d’hémoglobine ne vient ponctuer la rencontre effective entre le monstre et le petit indien. Le registre du fantastique (léger) est donc convoqué dans le scénario de Stéphane Sénégas, pour une aventure qui demeure finalement facétieuse, bondissante, attachante… On note aussi que le dessinateur Frédéric Maupomé s’éclate véritablement dans ce registre spectaculaire, tout en respectant sa charte graphique habituelle (une forte utilisation du blanc de fond de page). De magnifiques cases pleines pages se disputent cette réussite avec un climax culminant par la course-poursuite – digne de Shining – entre l’enfant et le monstre… Brrr !
