L'histoire :
Barnabé est un homme rond et trapu. Un physique proche du père noël, barbe comprise. Il vit seul sur sa colline. Enfin, seul, ce serait un mensonge. Kirouek, son oiseau, lui tient compagnie. Barnabé vit donc auprès de son arbre, à qui il raconte des histoires dans l'espoir de le faire grandir. Cet arbre, il en prend soin, car il sait qu'un jour, ses fruits lui apporteront le remède à la rabougrite. La rabougrite est un mal étrange, qui a frappé toute la ville de Barnabé il y a longtemps déjà. Les gens sont aujourd'hui gris, rabougris, et cela leur paraît normal. Barnabé est un fou à leurs yeux. Un fou qui vit encore dans la couleur, alors que le gris est un standard. Mais voilà qu'un jour, le fruit de l'arbre de Barnabé arrive à maturité. Ce fruit, c'est un livre. C'est en effet leur disparition qui a causé la rabougrite. Sauf que, dans le monde de Barnabé, les livres se détachent de l'arbre et s'envolent. Ils voyagent et se gorgent d'histoires, jusqu'à revenir voir les hommes pour leur raconter ces histoires. Mais par temps de rabougrite, laisser partir ce livre seul est bien trop dangereux. C'est alors que Barnabé partira en expédition, accompagné de Kirouek, dans le monde dangereux de la rabougrite, quitte à y perdre ses couleurs, pour retrouver ce livre, et soigner son monde…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec une première sortie en 2001, Kirouek fête ici ses dix ans en se rééditant chez les éditions de la Gouttière, dans un format plus petit et plutôt bien réalisé. Et en 10 ans, évidemment, Barnabé n'a pas pris une ride ! On rentre ici dans un univers gris, sombre et rabougris qui fonctionne toujours autant. Les hommes s'ennuient et s'en plaisent. La vie aurait pu continuer ainsi, si Barnabé « le fou aux couleurs », et Kirouek « l'oiseau bec » n'avaient pas existé. Et pourtant ils sont là, colorés, ils viennent donner vie au récit. On se laisse prendre facilement à cette histoire à base de « bouquiniers », de grands arbres d'où les livres poussent. Le scénario se tient, bien que le livre soit un peu court (32 pages), l'auteur arrive à nous emmener dans son univers, à jouer sur les mots et les couleurs pour nous prendre par la main et nous conter son histoire. Cette histoire, elle ne pourrait être contée sans les dessins de Nicolas Poupon, retravaillés pour cette nouvelle édition. Et le travail paie, car l'univers est bien retranscrit. On ressent vraiment deux mondes s'affronter, un monde gris et terne contre un monde plein de couleurs et de vie. Poupon joue ici avec notre imaginaire et l'importance des livres sur ce dernier. Les pages se tournent vite et on s'accroche rapidement à ce petit bonhomme rond et barbu, triste de vivre dans ce monde gris. On regrettera juste une histoire un peu courte, qui nous amène (trop ?) rapidement à la fin. Avec ce livre, Poupon confirme ici qu'il sait écrire des contes pour enfants, tout en proposant une lecture intéressante pour les plus grands.
