L'histoire :
Allongé sur le ventre dans une prairie, l’emouvantail s’émerveille de la beauté d’une pâquerette. Il aimerait la cueillir, mais s’il le fait… elle mourra. Alors il la laisse tranquille et continue de la regarder. Un peu plus tard, tandis qu’il chemine, son regard tombe sur… un autre épouvantail, mais au féminin. Dès ce premier regard, l’émouvantail tombe radicalement amoureux. Cette adorable épouvantail est plantée immobile dans un champ, avec des petits oiseaux qui picorent autour d’elle. Il a toutes les peines du monde à l’approcher, à lui adresser la parole. Il craint que le petit oiseau qui l’accompagne ne la réveille. Il ne se rend pas compte que cet épouvantail est un vrai épouvantail, et que la créature dont il est tombé amoureux est inerte, non dotée de vie. Il bredouille des mots maladroits et s’en veut de n’avoir pas su trouver les mots qu’il faut pour parler à son cœur. La nuit suivante, il reste plongé dans un profond spleen en regardant la lune. La lune brille et pourtant il n’y a pas d’étoiles. Le lendemain, l’émouvantail a une super idée. Il apporte la pâquerette à son alter ego féminin, mais sans la cueillir, en la déplantant avec un peu de terre dans son chapeau de paille…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au tome 1, nous avions découvert que cet émouvantail, mot-valise qui définit un épouvantail ultra-sensible aux émotions, était aussi doté de vie. Et oui, avec un cœur gros comme ça, il était logique qu’il vive (d’amour et d’eau fraîche) et se déplace avec des gambettes au gré d’un quotidien champêtre dénué d’humains et de modernité. Dans ce second volet, l’auteur Renaud Dillies lui colle une madame épouvantail dans le panorama… Une madame trop belle pour qu’il n’en tombe pas amoureux, mais hélas, une épouvantaille (sic) vraiment faite de paille et de guenilles, plantée sur deux bâtons en croix : sans vie. Il n’en faut pas plus pour bouleverser sur le plan métaphysique et affectif notre personnage à la sensibilité exacerbée. Le voilà amoureux d’un être doté d’un cœur de pierre ! Nous allons donc assister à différentes manœuvres, menées par lui-même et son pote petit oiseau, pour s’adresser au cœur de la belle inerte. Au cours de cette intrigue débordant de poésie, l’émotion a cette fois vraiment tendance à verser dans une guimauve difficile à domestiquer sur le plan narratif. C’est toujours très beau, dessiné avec force lyrisme et sensibilité, mis en scène au sein d’un découpage enluminé et de cadrages ad hoc, mais un peu fleur bleu…
