L'histoire :
De la pierre à la tôle : Ce matin-là, un sexagénaire arrive à son magasin, une grande surface d’ameublement située sur une zone commercial, avec une petite boule au ventre. La veille encore, en raison d’un dépôt de bilan, sa marchandise était vendue pour des sommes dérisoires lors d’une vente aux enchères. Il se souvient des risques qu’il avait pris, plus jeune, pour monter cette affaire… et aujourd’hui il ne lui restera plus qu’une toute petite retraite pour vivre. On ne vit pas tous le même patronat. Cependant, il a l’heureuse surprise de bénéficier d’une fête surprise de la part de ses que ses employés et amis, pour son départ à la retraite…
Venise Rigodon : Monsieur Delannov s’explique face à son banquier, en raison d’un petit découvert sur son compte. Il lui a fallu changer sa chaudière, mais tout va assurément se régulariser dans les semaines qui viennent… Censeur et manipulateur, le banquier se présente tout de même comme étant le fils d’un ancien collègue d’atelier, histoire de mettre Delannov en confiance. Puis dans la foulée, il propose un placement super juteux, avec un rendement de folie ! Delannov a les yeux qui brillent… il se voit emmener sa femme à Venise. Hélas, la crise passe par là. Le placement est entièrement englouti et le banquier est muté : Delannov n’a plus que ses yeux pour pleurer… mais une épouse aimante pour le requinquer.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En matière économique, les lecteurs nés après 1974, date du premier choc pétrolier, ne connaissent que ce mot là : « crise ». Comme un retour de bâton issu des trente glorieuses, la situation économique de l’Europe de l’Ouest ne cesse en effet depuis lors de subir les aléas d’un modèle de consommation expansionniste bancal. Or soit il n’y a pas de solutions, soit elles ont des conséquences trop impopulaires pour être mises en place. Dans ce recueil collectif édité par les éditions de la Gouttière, une quinzaine d’auteurs a été chargé de réaliser de courtes histoires sur ce sujet. Les dix histoires qui en ressortent pointent : pertes d’emplois, dissolutions des petites économies, naufrages humains, soumissions d’une majorité de pauvres face à une pincée de puissants cyniques… Evidemment, l’inégalité des propos est inhérente au morcellement des talents. Si l’explication de la crise dite « des subprimes » dans la bouche de deux enfants vaut le détour (sa chute aussi !), par Emmanuel Beaudry et Raoul Douglas, le zapping de Noredim Allam ressemble à un minimum syndical sans grande inspiration. Tous s’affranchissent tout de même de l’exercice avec personnalité et implication, souvent avec un cynisme cinglant (Greg Blondin, Philippe Thirault, Emmanuel Beaudry, Guillaume Magny), qui se raccroche parfois à l’humanité qui se tapit en nous (Kris, Denis Lachaussée). Sans oublier le dessin symbolique en deux temps, par Sylvain Savoïa, dans les pages de garde.