L'histoire :
En octobre 1804, quelque part aux Antilles, un galion mouille dans une baie apparemment tranquille. Il fait nuit, la lune baigne la mer de ses rayons blancs. Pourtant, 5 pirogues approchent en silence du bastingage. Le vaisseau a les cales pleines d'esclaves et une équipe de compatriotes arrive pour les délivrer. Après un assaut bref et sanglant, Perle, jeune femme fraîchement libérée, est nue sur le pont, désemparée par tant de sang. Choquée, elle ne parvient pas à se sentir soulagée de retrouver la liberté. Soumise jusqu'à la résignation, elle quitte le navire après avoir repoussé un assaut du chef des rebelles. Elle a perdu ses illusions, on la retrouvera quelques temps plus tard saignée dans la forêt avoisinante, un L majuscule gravé à la lame sur son sein droit. Granville à la même époque. Gabrielle fait brûler le château de sa mère pour retrouver sa liberté et ne plus se retourner sur son sombre passé. Masque d'argent, son acolyte, la met en garde : en brûlant son passé, c'est un peu soi-même que l'on brûle. Elle n'est pas d'accord. Au contraire, brûler le château de la famille est une seconde naissance pour elle. D'ailleurs, elle a hâte de connaître sa prochaine mission qui, à n'en point douter, la mènera sous de nouvelles latitudes. Au petit matin, elle est seule, Masque d'argent est parti. Qu'à cela ne tienne, elle sait déjà à qui s'adresser pour l'accompagner : le fidèle et solide Hugues, qu'elle retrouve à St Malo. Là, Mortsauf, émissaire impérial, les renseigne sur la mission qui doit demeurer secrète. Napoléon a hâte de prendre sa revanche sur Nelson, après la débâcle d'Aboutir. Ses vues sur le royaume d'Angleterre lui font élaborer les stratégies les plus audacieuses. Gabrielle en fait partie. Il compte bien mettre les talents du tandem à son meilleur service et ainsi reprendre l'ascendant sur l'amiral de la perfide Albion.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Premier livre du cycle II de Gabrielle B qui se déroule aux Antilles, Liberté nous offre une nouvelle aventure de Gabrielle Baubriand, corsaire de l'empire au cœur de pirate. La dimension historique du thème se reflète à travers la superbe couverture, que l'on aurait presque envie de mettre sous cadre. Le scénario de Dominique Robet met en avant l'absurdité ambiante qui régnait déjà en ce temps. Napoléon ne compte pas les hommes sacrifiés dans sa quête de pouvoir, qui ressemble de plus en plus à une fuite en avant. L'esclavage détruit la vie de milliers de familles, dans le sang et la haine, créant des plaies béantes dans l'inconscient des peuples martyrisés. Inspiré par la trame de Dominique Robet, Alain Robet, expert en marine ancienne et en reconstitution historique, donne corps à cette épopée prenante et réaliste. La mise en page est intéressante, elle permet d'apprécier de beaux panoramas et accompagne bien les changements de scènes. Le trait, un peu (trop?) classique se trouve rehaussé au fil des pages par des marges blanches, le jour, et noires quand l'action se déroule de nuit. Bien proportionné dans la répartition des intrigues et des personnages principaux, le récit est clair, malgré la foule d'informations à canaliser. L'intrigue, qui prend sa place à une période fastueuse de la France, s'adapte aux contraintes historiques tout en laissant à l'auteur le soin de passer des messages humanistes. Le mystérieux assassin qui signe ses victimes avec les armes de la famille Baubriand est un fil rouge qui porte bien sa couleur et stimule encore l'intérêt du lecteur. Tout est donc réuni pour que Antilles tienne ses promesses au cours de sa trilogie annoncée…
