L'histoire :
En avril 1974, les français apprennent à la télévision la mort de leur Président de la République. Paul Galland, l’un des principaux barbouzes du « Service » en fait partie. Comme à chaque fois qu’il y a une valse au sommet de l’Etat, il est irascible. Les prétendants à la succession pour l’Elysée sont nombreux et ils vont nécessairement se livrer à une « nuit des longs couteaux » lors de la campagne électorale qui se déclenche. Une cabale est montée par Larcier et Bastiani contre le candidat naturel Castel-Arnaud. Les basses manœuvres s’appuient sur les talents de « persuasion » du Service. Résultat : Marc-Antoine Villeneuve est élu au soir du deuxième tour… Encore une fois, l’officine secrète a fait des siennes en manipulant médias et politiques. Le « Service » entre alors dans une nouvelle phase de fonctionnement. Notamment au niveau de ses subsides, qui proviennent de l’argent du crime, par ricochet via des sociétés écrans. Quelques ratés des braqueurs amènent un juge lyonnais trop intègre à s’intéresser à la piste politique. Avant que l’affaire ne prenne trop d’ampleur, Paul Galland est dépêché à Lyon, pour intervention. Sans détour, le juge est salement flingué en pleine rue, afin que le crime soit imputé à la vengeance de petits voyous amateurs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les auteurs ont été malins : dans Le service, les noms des protagonistes, leurs visages et leurs partis politiques ont été modifiés. Toutefois, les faits qui nous sont relatés dans cette BD passionnante ne duperont quiconque s’intéressant un tant soit peu à l’histoire de la Vème République Française. Des patronymes comme Villeneuve, Larcier, Marsan et Castel-Arnaud, remplacent respectivement les Giscard, Chirac, Boulin et Chaban-Delmas. Le fameux « Service », dont nous suivons ici la sulfureuse existence, est évidemment un ersatz à peine romancé du SAC, la police parallèle du régime gaulliste. Créée à partir de quelques barbouzes frustrés de la guerre d’Algérie (voir le tome 1), avec pour mission confidentielle d’assurer les basses œuvres de l’Etat Français, cette officine a été progressivement dévoyée au cours de son existence. Focalisé sur les années 1974-1979, ce second opus montre sa dérive criminelle et son entrée au service d’ambitions personnelles politiques. L’épisode le plus célèbre souligne la mort du dénommé Jean-François Marsan – qui remplace ici Robert Boulin, ministre du travail en exercice sous Giscard – retrouvé noyé dans 60 cm d’eau. La BD colle à la réalité : truffée d’incohérences, l’enquête officielle conclut au suicide. Par coïncidence, ce tome 2 parait pile au moment où « l’affaire » est doublement remise en lumière médiatique par un téléfilm (le 29 janvier 2013 sur France 3) et par les requêtes pressantes de la famille pour rouvrir l’instruction (il faut se dépêcher, il y aura prescription en 2017 !). Lire cet album dans ce contexte particulier fait soudainement entrer le 9ème art dans une autre dimension…