L'histoire :
Il fait nuit noire et les esprits qui habitent la tête d’Het continuent de le disputer. La faute aux guerriers et frères ennemis. La faute à Apollon qui égare une main sur un sein de Séraya, la femme supposée née précédemment d’une côte du jeune homme. La faute au vieillard tout-puissant, etc. Tout est donc très agité dans la tête d’Het. C’est aussi ainsi car les démons refusent de mourir. Het est en effet enfermé au fond d’un puits et, demain, il sera lapidé sur ordre du chef de sa communauté, Edom. Heureusement, son ami Jacob descend à son secours. Il le sort de sa prison et, d’une baffe bien sentie, le ramène à la raison ! Jacob lui explique ensuite qu’il ne doit pas finir comme son père. Oui, son père qui fut autrefois exécuté. Het l’ignorait. Quand à sa mère, elle finit prostituée d’Astarté, la déesse séleucide de la fécondité, et cela c’est Edom qui l’affirme, l’épée à la main…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce second tome, Stefan Astier installe (déjà) un peu plus encore sa série Negev parmi les références du genre. Une série qui fleure bon Les olives noires (Guibert / Sfar), Les complots nocturnes (David B.), Les Chasseurs de trésor (David B. encore), les contes et légendes d’Orient, d’hier et d’aujourd’hui, l’Ancien Testament, etc. Bref, tout ce que l’on aime conter : en un mot, jubilatoire ! Avec beaucoup d’esprit et de malice, l’auteur revisite les fondements de notre humanité – les grands thèmes bibliques notamment mais pas seulement – la relation au père, à la mère, à l’enfant, au sacré bien sûr, au fanatisme, au prophétisme, à l’amour enfin, etc. Un titre ô combien riche, vous l’aurez compris, qui confirme l’heureuse surprise du premier volet (trois sont prévus). Il y aurait tant à dire. Sur le personnage d’Het, par exemple, qui poursuit sa quête identitaire illuminée, en proie à des démons intérieurs qui le conduisent sûrement à une terrible folie meurtrière. Sur ces démons, ensuite, que l’on découvre un peu mieux et parmi eux la fascinante Séraya en opposition au Mal noir qui se nourrit des peurs et colères d’Het et grandit, grandit, grandit ! Jusqu’à menacer son intégrité. L’album s’attarde aussi sur les crimes du père et le sort peu enviable d’une mère réduite à la prostitution sacrée. Côté dessin, outre une édition impeccable, l’album offre une ligne pleine de malice, mêlant humour et gravité, aux couleurs respirant le soleil ! Histoire, humour et aventure : une lecture de pur bonheur. Oui vraiment, jubilatoire !