L'histoire :
Cette histoire commence au beau milieu du désert alors qu’un jeune mystique de confession juive tente désespéramment de faire avancer une chèvre. L’animal freine des quatre fers, se sachant promis à l’abattoir. Le jeune homme a en effet été chargé par sa communauté de procéder au sacrifice rituel de la bête, au sanctuaire non loin. Peine perdue, l’animal ne veut pas bouger. Qu’à cela ne tienne, elle verra sa fin plus tôt que prévue ! L’Hébreu attache la chèvre à un rocher et prépare l’autel improvisé. Fin prêt, il s’en va égorger l’animal. Quand tonne l’Eternel ! D’une voix terrible, il l’enjoint de ne point faire couler le sang ! Abasourdi, Het – puisqu’ainsi se prénomme le jeune homme – se tourne d’abord vers le soleil. C’est de là probablement que s’adresse à lui l’Eternel. Erreur, l’Eternel est là, devant lui. En dessous, en fait, puisque l’Eternel a pris les traits d’un misérable petit vieillard juché sur une pierre, à deux pas de lui. Si misérable et ridicule qu’Het n’y croît d’abord pas. Qu’il le montre, s’il est l’Eternel ! Qu’il fasse tomber la foudre, qu’il fende la montagne de sa toute-puissance ! Sitôt dit, sitôt fait. Et voilà Het en bien fâcheuse posture…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un vent nouveau souffle sur le 9e art et les éditions Emmanuel Proust, Le souffle de Dieu ! Le souffle de Negev. Le souffle inspiré et malicieux de la nouvelle série – trilogie à venir – proposée par Stefan Astier, scénariste et coloriste de la série policière Aven chez Vents d’Ouest (le souffle décidemment !). Le stéphanois change de registre et revisite ici, avec esprit et humour, les Saintes Ecritures, et notamment l’Ancien Testament. Cela au temps de la domination des Séleucides, l’un des empires grecs hérités d’Alexandre le Grand. L’auteur met en scène un jeune hébreu, membre d’une communauté perdue en plein désert, en proie aux visages et humeurs changeantes du Tout-puissant. Het – puisque tel est le nom de notre héros – finit par se croire le nouvel élu, le prophète par qui parle l’Eternel ! Avouez qu’il a de quoi y perdre la tête. Et justement, le sel de l’histoire vient de là… Bataillant à ses débuts avec un vieillard, croisant le fer avec une bande de morts-vivants ressuscités, découvrant les plaisirs du beau sexe, chassé de sa communauté, embarqué dans un carnaval païen, meurtrier enfin (!), les délirantes aventures d’Het commencent en fanfare ! Auteur complet, Stefan Astier maîtrise son sujet de bout en bout et son dessin, sans atteindre des sommets, épouse parfaitement les contours d’un récit à la mine réjouie et épanouie. Une heureuse surprise à confirmer. Ne boudons cependant pas notre plaisir !