L'histoire :
Paris, mercredi 26 janvier 1910. La capitale française se noie. Paris ressemble à un immense lac dans lequel pataugent allègrement ses habitants. Les pouvoirs publics peinent à s’organiser, dépassés, et chacun s’efforce de survivre au quotidien. Accusé de meurtres, Jean Faure a été arrêté et ses amis craignent pour sa vie. Tous le savent innocent – et en premier lieu, la douce Alice – mais un profil de vilain ne plaide pas en sa faveur. Le climat est d’ailleurs propice aux dénonciations (anonymes) et les journaux rapportent qu’hier, à Issy, deux coquins ont été lynchés en plein jour ! Oui, Paris se noie. Même la cathédrale a les pieds dans l’eau. Comme si le fleuve, en débordant, souhaitait laver, purger, la ville de ses maux pour repartir à nouveau. Comme si la Seine répondait aux prières et pêchés du prélat Monseigneur Emmanuel Chelles, archevêque de Notre-Dame. Qui sera sauvé ? Qui boira la tasse jusqu’à la lie ? Le matricule 17573, Jean Gustave Faure, ne peut espérer qu’en une action héroïque de ses amis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici une trilogie qui est montée, tome après tome, en pression pour se conclure en apothéose ! Commencée dans une certaine confusion et complexité d’un récit baignant dans la crue historique de 1910, ses auteurs ont progressivement trouvé la bonne carburation jusqu’à l’excellence présente. Juste ton de la narration ; justes tons d’aquarelles, superbes d’équilibre, comme d’expressivité. Jamais sans doute, Stéphane Perger n’avait réussi un album aussi plein. Autour des dominantes bleue et verte – couplées avec une intelligente gestion des blancs et des gris (et des teintes plus vives comme le rouge) – l’artiste parvient à un sommet de réalisme et d’esthétisme figurés. Véritable célébration d’un décorum urbain et capitale. Les cadrages choisis tirent par ailleurs avantage de toutes les possibilités offertes par la bande dessinée moderne, du damier à la double planche découpée en cases superposées, en passant par la traditionnelle pleine (planche). Mise en page et narration faisant naturellement bon ménage, Léo Henry se met au diapason de son compagnon et trouve, chaque fois, les mots justes sonnant comme à l’époque et laissant la parole à l’image quand il le faut. La maîtrise est totale et le plaisir de lecture maximal ! La personnification de la Seine offre une religiosité – une sacralité – certaine à l’œuvre qui termine un tableau original d’un épisode resté célèbre du siècle passé. Admirable, jusque sur l’ouverture...