L'histoire :
Y’en a encore pour dire qu’il ne s’agit que d’une « petite crue ». Misère, ce 23 janvier 1910, la tour Eiffel a les pieds dans l’eau ! Jean Faure, assassin en cavale, lui se cache sous terre. Pas simple de fuir Paris avec toute cette eau qui paralyse la capitale. C’est dans les difficultés, dit-on, que l’on reconnaît ses amis. Jean Faure se planque en bonne compagnie : Mie-pain, Long-manche, Jeannot, etc. sont là. Et aussi Alice, une étudiante en médecine visiblement paumée et choquée. Ce soir, ils dormiront ensemble dans les égouts. Même rassasiés, pas simple de trouver le sommeil dans ces conditions (…). Le fleuve s’est rappelé au bon souvenir de ses voisins. Les Romains avaient l’habitude de sacrifier à la déesse Séquana ; les habitants l’ont oubliée aujourd’hui. L’archevêque de Paris, Monseigneur Chelles, se noie lui dans sa baignoire. Heureusement, son fidèle Pétillot veille. Le religieux est pris de vertiges. Il voit et entend des choses. Il a peur que la déesse païenne ne soit venue prendre sa revanche ! Le lendemain, au petit matin, un coup de fil prévient le commissaire Montcour de la position de sa proie. Les heures de Jean Faure sont comptées…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le pyrogène est un album réussi de A à Z. Réussi en terme de narration comme d’ambiance graphique, et donc, de plaisir de lecture. Le travail proposé par Stéphane Perger d’abord est peut-être le meilleur commis jusqu’à aujourd’hui. L’artiste a visiblement beaucoup apprécié l’exercice et donné le meilleur de lui-même. Ses aquarelles s’organisent autour des dominantes froides, blanche et grise, lorgnant sur le vert émeraude tantôt, éclairées d’une lumière or ou maculée de sang parfois. Les dernières planches « off » rythment un enlèvement final tendu d’une efficacité palpable. Superbe d’équilibre. Côté intrigue, Léo Henry fait preuve de son expertise de l’exercice comme du contexte. Enfermant son héros – Jean Faure – dans une spirale criminelle, il donne aussi à l’élément fantastique du récit, la scène païenne divinisée, une ampleur croissante : son emprise sur l’histoire gagne petit à petit, cause de la folie coupable de l’archevêque de la capitale. En ce début de l’année 1910, Paris avait les pieds dans l’eau (jusqu’à la tour Eiffel) et l’on s’y croit ! Si l’action peine un peu à emballer complètement, dialogues et ambiance d’époque emportent le morceau. Impeccable en somme. A noter que le titre de cet album est celui d’une toile peinte par le cubiste Braque à l’occasion des événements. La boucle est bouclée. Du moins très prochainement...