L'histoire :
Hiver 1947. Les Alliés occupent l’Europe libérée. Les vainqueurs américains et russes dessinent progressivement leurs zones d’influence. Dans les pays de l’Est, l’armée rouge est présente. La situation est critique en Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Finlande, Allemagne, etc. Les gouvernements « démocratiques » - comprenez « pluralistes » - mis en place, sont menacés. En charge de la lutte contre la lèpre communiste pour le compte des Occidentaux, le général Sir Arthur Benton donne ses instructions. Le colonel Marchand le seconde. L’espion n’hésite pas à s’appuyer sur l’ex-réseau de l’Abwehr, nourrissant une haine viscérale contre l’ennemi désigné. Au tout début de l’année 1948, Moscou précise ses vues. Staline choisit la Tchécoslovaquie. Il ne croit pas que les « capitalistes américains » risqueront une guerre pour ce territoire négligeable. Aux élections de 1946, le PC tchécoslovaque arriva premier sans atteindre la majorité. En conséquence, un tiers des portefeuilles du gouvernement issu des urnes est entre leurs mains. Rapidement, la tension entre les ministres communistes – sous l’influence directe de Moscou – et leurs collègues devient palpable. L’opposition culmine sur l’attitude à adopter au regard de l’aide américaine, offerte dans le cadre du plan Marshall. Le pays est au bord de la guerre civile. En février, la démission collective des ministres non communistes (en protestation de la politique menée) se révélera une lourde erreur. Marchand, présent sur place, en est témoin. Les comités d’action mis en place par les Soviétiques ont désormais champ libre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Stéphane Perger s’était fait un nom sur le premier cycle. Après un passage de témoin discret et incertain – cf. tome précédent – Vincent Pompetti prend ses marques aux côtés de Tarek, qu’il connaît bien (ils signent ensemble la trilogie Raspoutine dans la même collection, mais aussi le mésestimé Œil brun – œil bleu). S’il ne parvient pas encore à dégager les aquarelles confondantes d’unité et d’expressivité de son prédécesseur, Pompetti réussit une mise en couleur directe scrupuleuse, minutieuse sur le moindre détail, le choix des tons et des dominantes ayant été résolu en faveur d’un réalisme accru. Résultat payant ! Côté histoire – et Histoire – le deuxième tome de ce second cycle entre dans le vif du sujet. En réaction à l’offre du plan Marshall, les deux camps s’organisent. L’occupation des pays d’Europe de l’Est par l’armée rouge (qui les a « libérés » du nazisme) force les choses. Le « rideau de fer », selon l’expression consacrée de Winston Churchill, est prêt à s’abattre sur le vieux continent… Moins connue que la guerre qui la précède, cette période incertaine est pourtant tout aussi dense et passionnante. A la différence du premier cycle, Tarek semble cette fois avoir bien du mal à dégager de la place pour ses personnages. L’intrigue fictive apparaît nettement en retrait de l’Histoire relatée. Benton comme Marchand sont plus spectateurs qu’acteurs, et le lecteur l’est donc en partie aussi. Le coup de Prague poursuit une fresque saluée unanimement – critique comme public. Reste que ce second cycle convainc moins. Attendons sa conclusion. Une série, au final toujours si dense, documentée et prenante.