L'histoire :
Nuit du 27 au 28 octobre 1948. Dans une chambre d’un hôtel berlinois, Marchand rencontre son amante prénommée Rosa, travaillant en secret pour le MGB, les renseignements soviétiques. Le Français n’est pas dupe. Et les informations lâchées sur l’oreiller visent à orienter l’ennemi sur une fausse piste (…). Depuis 1944, le maréchal Tito rêve d’une fédération yougoslave indépendante. Cependant, Staline ne l’entend pas de cette oreille. Naturellement, les Alliés manœuvrent aussi en coulisse afin de contenir l’expansionnisme russe. Le général Benton dirige les opérations. Américains, Britanniques et Français décident d’apporter leur soutien à Tito contre une ouverture économique promise. Des deux côtés, les agents infiltrés – doubles – pullulent et l’on cherche à faire place nette, vainement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Débuté de manière incertaine, ce second cycle des aventures de Sir Arthur Benton s’achève de la meilleure des manières, sur un album abouti tant dans sa conception que son exécution. S’affranchissant complètement de l’ombre de son devancier (S. Perger) – il était temps –, Vincent Pompetti opte pour une plus grande sobriété de ton. De plus, ses aquarelles offrent l’originalité d’un crayonné habillement surligné, donnant du relief à ses vignettes qui gagnent en clarté et en percussion ! Le rendu demeure cependant inégal selon les planches, heureux ou moins en fonction des plans retenus (de fait, les plans rapprochés semblent plus incertains…). Tarek alterne lui une narration distante, dense, au moyen de chapeaux impersonnels retraçant à grands traits l’histoire des débuts de la Guerre froide, et une autre laissant place aux dialogues et à l’action. Le mariage est somme toute réussi. La lecture se révèle plus agréable que sur les deux premiers tomes de cette trilogie et tout aussi prenante au final. Comme un symbole, le personnage de Benton se fait définitivement damner le pion par celui de Marchand (et autres protagonistes « secondaires » si nombreux du propos). Jamais sur ce second cycle, le transfuge nazi n’aura réussi à s’imposer comme une figure autre qu’ambivalente et éponyme de la série. Et c’est finalement dans une certaine logique – sinon indifférence – qu’il tire sa révérence. Une raison peut-être du succès mi-figue mi-raisin de ces démêlés post-Seconde Guerre mondiale qui resteront, certes un bon cran en dessous du premier cycle, mais néanmoins comme un tableau estimable de l’époque en bande dessinée. Ainsi périt Staline : à suivre ? Il y a en tout cas matière…