L'histoire :
Janvier 1945, l’armée rouge entre dans Varsovie puis libère Auschwitz révélant l’horreur des camps. Février 45, à la conférence de Yalta, les futurs vainqueurs et alliés, bientôt ennemis, se partagent une Europe très affaiblie. La guerre touche à sa fin et l’assaut final contre Berlin est lancé. Le Britannique Sir Arthur Benton dort lui en prison, finalement rattrapé par son activisme dévoué au nazisme. Le Français Marchand lui a mis le grappin dessus et s’apprête à l’extrader d’Allemagne en Belgique selon le souhait du gouvernement de sa majesté. L’officier n’a guère le choix et doit obtempérer, redoutant une ultime entourloupe. Cependant, Benton n’est plus aujourd’hui, et depuis quelques temps, une priorité. Sera-t-il jugé ? Paiera-t-il pour ses crimes ? Marchand semble le seul à y tenir. L’espion a tué trop de ses amis, quand d’autres rejoignent maintenant le camp de Staline, l’adversaire de demain. France, Royaume-Uni, Etats-Unis, Union soviétique, tous ne se préoccupent plus que de sauver les meubles et récupérer les sommités dignes d’intérêt du régime vaincu. Les rats quittent le navire quand Berlin fanatisé s’entête pour la gloire d’un homme et d’un Reich condamnés. Quand une explosion survient à la roue avant gauche de la voiture…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’Histoire s’écrit avec des dates : Opération Marmara (1929), Wannsee (1942) et maintenant l’Assaut final (1945). L’Histoire est faite aussi de symboles visuels : la croix gammée, l’étoile de David, la faucille et le marteau. En trois moments clés du tournant du siècle, en trois couvertures sobres et fortes, Tarek nous donne sa vision du second conflit mondial, le plus terrible, à ne jamais oublier. La série s’était ouverte sur l’interrogatoire du Lord anglais, elle se clôt logiquement de la même façon : dans un Berlin fanatisé jusqu’à l’ultime extrémité, Benton est « tombé » aux mains des alliés et attend sereinement son jugement… Le personnage imaginé restera gris comme le dessin de Stéphane Perger, maître de son sujet, jouant sur les expressions tourmentées des visages, construisant ses planches comme des tableaux d’ombres et de lumière, ici relevés d’un rouge sang. A la puissance du scénario s’ajoute donc celle d’un graphisme pour une trilogie qui fera date. Expliciter la tragédie du IIIe Reich était a priori une gageure et, pourtant, le tour de force est réussi. Trois dates qui articulent le récit et permettent un développement probant ; trois symboles qui résument les grands acteurs du conflit (si l’on excepte l’allié américain en retard pour enlever Berlin). Sir Arthur Benton serait en passe de devenir un roman (?). Il est vrai qu’il y a matière à raconter, à expliquer et à passionner tant le contexte demeure complexe et retors. Tarek confesse souvent qu’il lui a fallu du temps, beaucoup de temps, pour digérer des années de lectures, de recherches et de documentation. Au lecteur, l’intrigue apparaît finalement très digeste et même savoureuse. La conclusion de cette trilogie historique était attendue et elle ne déçoit pas, voire elle surprend. A recommander à tous et à toutes, amateurs ou non d’Histoire.