L'histoire :
Jessifer est mariée avec Brandon. Mais elle le cocufie avec Bill, le frère de Brandon. Et bizarrement, Steve, son fils, a la peau noire, comme celle de Jean-Mortens, le troisième frère de Bill et Brandon. Cela est d’autant plus paradoxal que Jean-Mortens tente d’avouer aux membres de sa famille (qui veulent bien l’entendre), qu’il est homosexuel et qu’il veut se pacser avec son ami Elton, au look cuir, moustache, piercings et marcel viril. Pamela, la seule fille de la fratrie, est quant à elle mariée à Tony, chômeur en fin de droit et en milieu de dépression. Ces deux-là veulent tout de même adopter (plutôt un coréen), car ils n’arrivent pas à avoir d’enfant. Et leurs désirs se concrétisent enfin ! Hélas… Bref, et tous trépignent d’impatience pour que leur père Harold casse enfin sa pipe. Car chacun rêve en secret d’hériter de la bagnole CX Diesel, entreposée telle une relique dans le garage paternel. Cependant, malgré son âge et sa mobilité réduite, Harold est encore vert d’esprit. Il a tout compris de notre monde moderne et de l’abrutissement généralisé et intéressé de sa descendance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Zeus est grand : dans un paysage d’humour en BD particulièrement morne, mou et consensuel chiant, il demeure quelques auteurs qui savent faire rire, c’est-à-dire faire vraiment rire. Fabcaro, James et Bengrrr sont de ceux-là, qui ont tout compris à la zone érogène des zygomatiques chez l’humain moderne. Dans Amour, Passion & CX Diesel, le contexte est celui d’un pur soap de télénovela, façon Dallas ou Santa Barbara, confronté à l’abrutissement d’une famille ringarde de compétition. Précisons que les quatre rejetons quadras et cupides sont des alcooliques accomplis : ils passent leur temps de palabres à siroter des drinks dans divers recoins de la maisonnée familiale. Le subtil ressort comique de ces quelques nouveaux 90 gags en demi-pages, selon un gaufrier régulier de 6 cases, se situe précisément dans leur propension à tout capter de travers, dans une direction où on ne les attend pas forcément, quoique toujours dans la dernière case. Et l’air de rien, cette brochette d’auteurs embrasse des sujets de société bien sentis, tels que le tabou de l’homosexualité, le poids des secrets de famille et les tensions épidermiques et absurdes qu’ils génèrent, mais aussi le chômage, les banlieues, l’adoption… et le relatif mépris de nos contemporains envers les bienfaits de la CX Diesel. Ainsi, le dessin zoomorphique, typique de James, n’a guère besoin d’être très varié et poussé pour rendre ce second opus franchement bidonnant…