L'histoire :
En plein mariage, le prêtre pose la question traditionnelle : « Si quelqu’un s’oppose à ce mariage, qu’il se lève ou se taise à jamais ». Dans l’assistance, un homme se lève et annonce fièrement qu’il aime cet homme ! Et il se sauve de l’église à travers la campagne en emportant le prêtre dans ses bras.
Un artiste fervent de navibotellisme (la construction de navires miniatures décoratifs à l’intérieur de bouteilles) apporte la dernière touche à son chef d’œuvre. La dernière voile est collée à l’aide de pincettes tremblotantes. Tout fier de lui, il apporte la bouteille à son collègue chargé de la bourrer d’un linge imbibé d’alcool pour la confection de cocktail molotov. « Je trouve que tu les gâtes ! »
Un naufragé solitaire de longue date sur une île déserte – à en croire la longueur de sa barbe et son pantalon déchiré – épaule un tout nouveau naufragé à travers les vagues d’un court littoral exotique. Quel chance que cet aviateur se soit crashé aussi près de l’île déserte où il vit depuis des années ! En plus, il vient juste de finir de construire un radeau, auquel il ne manque que la voile… que le vieux naufragé confectionne avec la peau tannée de l’aviateur vidé de ses organes.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’Abbé récidive dans la veine caustique et nonsensique des deux premiers recueils de 3 cases pour 1 chute. Et tant mieux. Rarement un titre n’aura été aussi explicite quant à son concept. Chaque page propose en effet un gag en 3 cases, sans aucune transition entre les contextes « de genre ». Un naufragé, un péplum, un western, une invasion extraterrestre, une parodie de Ratatouille, du polar zoomorphique, de la chronique sociale contemporaine, de la guerre, du sport auto… Tous les codes de tous les registres sont bons à être détournés, pourvu qu’ils soient bien calés et identifiables dès la première case, puis que la chute choit effectivement dans la dernière case, de manière lamentable, imprévisible, décalée, absurde et/ou bidonnante. Parfois tout à la fois. Et tant mieux. Il suffit de lire le laïus d’accroche en 4ème de couv, signé par L’Abbé himself, pour bien comprendre que tout et surtout n’importe quoi peut arriver dans la fameuse dernière case. Cet album n’est ni meilleur, ni pire que les précédents : dans la stricte continuité, on vous dit ! Et tant mieux. Visuellement, les persos stylisés humoristiques ont des gros pifs tout rouges qui luisent, quelque part entre Edika et Larcenet. Et tant mieux.