L'histoire :
La vie d'une prostituée n'est pas toujours de tout repos, surtout pour Claire Fernandez. Il faut dire qu'elle est absolument ravissante, alors ses journées sont plutôt bien remplies. Succès oblige. Non contente d'assouvir les fantasmes les plus fous de ses clients, elle doit, quand vient le soir, veiller sur son jeune fils. Celui-ci se pose de plus en plus de questions, à mesure qu'il grandit. Bien qu'il soit au courant de l'activité professionnelle de sa maman, toutes ces agitations libidineuses ne manquent pas de perturber sa préadolescence. Comment comprendre en effet que Claire se plie aux demandes tordues du professeur Libido qui, avec sa machine à orgasme, veut comparer les jouissances successives données par sa machine, à celles procurées par Claire, la professionnelle la plus réputée dans son milieu. Comment encore laisser ce binoclard ridicule grimper sur l'armoire en guise de préliminaires sous prétexte qu'il veut tenter quelque chose d'absolument inédit ? La réponse à ces questions est bien entendu l'argent. Claire est une femme qui aime l'argent, mais elle en a également besoin pour pouvoir élever son fils dans (presque) de bonnes conditions.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Malgré le plaisir que procure, à chaque page, la découverte de nouvelles poses (positions ?) adoptées par notre désormais prostituée préférée (surtout pour les lecteurs de sexe masculin, on l'aura compris), il faut reconnaître que l'ensemble est de facture très moyenne. Le dessin est vilain tout plein, genre Cabu à 11 ans et demi, les couleurs criardes ne venant en aucun cas rehausser la piètre qualité graphique de l'ensemble. La traduction est le plus souvent maladroite (en particulier les titres de chaque gag, totalement plats et sans imagination) et les dialogues de peu d'intérêt. Si l'on ajoute à cela que les chutes censément humoristiques ne dépassent généralement pas le niveau d'une blague de Toto entendue en cour de récré, le bilan est plutôt maigre. Néanmoins, au final, cet album dresse un portrait plutôt tendre de notre héroïne, loin des clichés graveleux auxquels on aurait pu s'attendre. D'origine argentine, les auteurs ont très subtilement intégré dans leurs gags quelques traits de leur culture. Notamment la plastique typiquement latine de notre héroïne (qu'ils en soient d'ailleurs bénis !). Autre exemple, ils ont eu la bonne idée de s'adonner à la déconstruction minutieuse du machisme latin : dans la chambre de notre donzelle se succèdent de petits bonshommes qui viennent avec leur petit zizi, enlever leurs petits habits et bomber leur petit torse pour mieux exhiber leur petite fierté mâle. Car, rappelons-le, c'est Claire qui sort finalement à chaque fois gagnante de ces historiettes sympathiques. On a beau exercer le plus vieux métier du monde, on a tout de même sa dignité.