L'histoire :
Colt Bingers, flic modèle, a décidé de raccrocher quand il a découvert sa femme assassinée, la nuit d’un 31 octobre. Colt a juste eu le temps d’apercevoir le tueur dont le physique ne s’oublie pas : il est borgne et unijambiste. Farouchement résolu à se venger, Colt prend sa moto pour rechercher le criminel. Chaque infirme borgne et unijambiste est suspect et Colt ne fait pas dans la dentelle. Il en tue plusieurs… se rendant compte toujours trop tard que ses victimes n’ont pas pu tuer sa femme et qu’elles étaient donc innocentes. Ses agissements violents attirent l’attention du FBI, qui tente de comprendre cette série de meurtres peu banale sur des borgnes unijambistes. Néanmoins, cela n’arrête pas la soif de vengeance de Colt qui multiplie les erreurs et les meurtres de sang froid. Jusqu’où va le mener ce long road-movie sanglant ? Finira t-il par trouver l’assassin de sa femme ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La « saison two » qui clôt la série Colt Bingers n’est accessible que dans cette version intégrale, reprenant également le premier tome sorti en 2009 et réédité 10 ans après sa première parution. Parodie du feuilleton policier, cette histoire est un régal de clins d’œil et d’emprunts à des films et séries connues. Le personnage de Colt est une sorte d’inspecteur Harry, froid et sans scrupules, qui fait régner la loi à coups de flingue (comme son prénom l’indique). Les agents du FBI sont quant à eux des caricatures du célèbre couple Mulder et Scully… à la différence près qu’ici, la femme est ultra virile et vulgaire, tandis que son acolyte est homosexuel et distingué. Le FBI enchaîne les maladresses et les conclusions improbables, toujours à côté de la plaque, avec un temps de retard sur le gibier qu’ils recherchent. Dans le même temps, Colt enchaîne les bavures, victimes de sa rage destructrice. Les meurtres sur les borgnes unijambistes sont l’occasion de quiproquos savoureux et permettent le morcellement de l’histoire en plusieurs courts chapitres de 5-6 planches, comme l’exige la prépublication dans le mensuel Fluide Glacial. La première « saison » est assez répétitive dans l’enchaînement des gaffes de Colt, mais le récit demeure fluide et nerveux. Le dessin est moderne et discrètement caricatural ; les plans absurdes et surprenants renforcent le décalé de l’intrigue. Le savoureux mélange de parodie et d’emprunts au polar (à la fois hommage et critique) est décidément à la mode : cette bande dessinée rappelle la série délirante Apocalypse sur Carson City (de Guillaume Griffon, dans le genre fantastique). La fin est un peu longue avec un procès assez terne, mais la chute vaut le détour. Cerise sur le gâteau : les auteurs se sont fait plaisir en rajoutant un teasing marketing décalé au dos de l’ouvrage. L’humour y est un peu plus lourd, puisque tout est fait pour faire croire que Colt Bingers est la BD du siècle…
