L'histoire :
Des ouvriers à la chaîne dans une usine se désespèrent : ils vont tous être virés et remplacés par des robots qui travaillent 4 fois plus vite. C'est cruel, à deux ans de la retraite... Quelques temps plus tard, sur la même chaîne de production, ce sont les robots avec leurs bras articulés qui se plaignent. En effet, ils vont bientôt être remplacés par des robots nouvelle génération, qui travaillent 4 fois plus vite. C'est cruel, à deux ans de l'obsolescence programmée... Quelques temps plus tard, on retrouve les ouvriers et les robots en train de faire la manche côte à côte dans la rue. Mais les robots font la manche quatre fois plus vite que les ouvriers.
Un couple de riches regardent par la fenêtre de leur appartement de riches le résultat de la dernière manifestation de prolétaires anti-riches. Toutes les Ferraris de la rue ont été brûlées, sauf la leur. Ils sont dégoûtés, ils supposent que leur Ferrari ne fait pas assez riche. Alors ils décident d'y mettre le feu eux aussi, pour rattraper leur classe sociale. Quelques minutes plus tard, les voisins d'en face observent par leur fenêtre la maison des premiers en feu. Le mari incite son épouse à ne surtout pas regarder : ils n'attendent que ça...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout aussi cinglant que le tome 1, tout aussi non-sensique et pertinent, voici… le tome 2 ! A travers des strips d’une page, Emmanuel Reuzé et Nicolas Rouhaud poussent (juste à peine) un peu plus les travers de notre société consumériste, marketing, ultra-connectée, déshumanisée et polluante, jusqu’aux domaines de l’absurde. Et ça donne clairement à réfléchir, en plus de bidonner les amateurs d’humour cynique, noir et/ou bête. En prime, ce tome 2 se met dans l’air du temps, en abordant plus précisément les thématiques de l’hôpital public, de l’égalité homme/femme, de l’intelligence artificielle, de l’obsolescence programmée, du télétravail, de la crise des migrants… Il y a du Fabcaro, du Monty Python, du Kafka dans ces scènettes de la vie « ordinaire » extrapolée des pires aspects de notre modernité. La méthode graphique participe de la percussion narrative. La plupart du temps, une – voire deux – cases sont finement dessinées façon réaliste, puis reproduites dans chaque case (avec parfois un détail qui change). Seuls les phylactères bien sentis varient, avec le sens de la chute, par-dessus le marché. N’y voyez pas une once de fainéantise : cette astuce renforce de manière parfaitement sensée le sentiment d’immobilisme face à l’aberration de notre époque.