L'histoire :
Maestro : Dans les années 30, le jeune Marcel Gotlieb dessine des histoires de cowboys et d’indiens sur les murs de l’appartement parisien où il vit avec ses parents. Sa mère est furieuse, son père est… artisan peintre, donc rénover un mur en blanc ne le dérange pas tant que ça. Et secrètement, il est fier de la fibre artistique de son fils.
Eastern : De nos jours, un professeur d’Histoire-géo annonce à sa classe que dans la série des grands hommes qui ont fait le siècle, le sujet du jour sera consacré à Marcel Gotlib. Il commence à réciter, lorsqu’un élève dénonce Roger en train de lire un illustré. Au lieu de punir Roger, le professeur enguirlande le mouchard : c’est très bien de lire un illustré d’après-guerre ; rien de tel pour stimuler l’imagination. Le professeur reprend à 1942, année durant laquelle le jeune Marcel tombait dans un guet-apens dans un canyon (une ruelle) à la sortie du saloon (la boulangerie) par un bandit (un camarade). Heureusement, le justicier solitaire avec son étoile de shérif (de juif) était intervenu en bottant les fesses de la brute et en lui donnant le conseil le plus précieux du monde : « La prochaine fois qu’il t’emmerde, fouzy un grand coup de pied dans les couilles ». Puis le shérif était monté dans un train, en compagnie de plein d’autres shérifs, encadrés par des soldats allemands armés de mitraillettes, en direction d’Auschwitz…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une biographie de Gotlib en BD et avec l’humour de Gotlib… il fallait le faire ! Arnaud le Gouëfflec (au scénario) et Julien Solé (au dessin) ont relevé le challenge et haut la main ! Cet album est une vraie biographie du dieu incarné de la « bandessinée d’umour », à peine arrangée pour la ponctuer de virgules gaguesques. Les séquences successives brossent les étapes réelles de sa vie : son enfance, sa jeunesse pendant la guerre, la disparition de son père à Auschwitz, ses classes aux arts appliqués, son premier job pour livrer les pharmacies, sa vie sentimentale, son job d’encreur sur Mandrake, son service militaire, son arrivée chez Vaillant, puis chez Pilote, sa rencontre avec René Goscinny, les années Dingodossiers, qui deviennent la Rubrique-à-Brac et lui permettent d’atteindre la consécration, la reconnaissance publique. Puis le divorce d’avec Goscinny, vers les chemins plus grivois de L’écho des savanes. Puis la création de Fluide Glacial avec ses potes Alexis, Jean Solé, Claire Brétécher, Léandri, bientôt rejoints par Masse, Foerster, Edika, Daniel Goossens, Christian Binet et François Boucq… jusqu’à la retraite. A chaque étape, sans oublier d’aborder aussi les plus délicates, le Gouëfflec et Julien Solé trouvent le bon « système » gaguesque, à la fois très inspiré par l’humour façon Gotlib et les clins d’œil issues de ses créations, mais aussi avec un immense respect. C’est tout à la fois à mourir de rire, certifié conforme à la réalité et incroyablement touchant. Chapeau !