L'histoire :
Ce jour-là, Bernadette le mérou rentre dans sa grotte avec une bonne nouvelle : elle a choppé une grosse méduse ! Ses colocataires calment sa joie en lui indiquant qu'il s'agit d'un sac plastique. Pas grave, elle le bouffe quand même frénétiquement et se retrouve immédiatement ballonnée. Elle file aux toilettes et elle a la surprise d'y trouver... le fantôme du commandant Cousteau ! Ce dernier lui fait des révélations, mais en raison de son masque à oxygène, elle ne comprend rien. Elle ressort de là complètement illuminée et alerte ses camarades sur cette rencontre. Les mérous ont alors l'idée d'utiliser leur grotte de l'apparition comme traquenard pour attirer un maximum d'écrevisses. De son club ectoplasmique des personnalités disparues les plus regrettées par les humains (où se trouvent l'Abbé Pierre, Lady Di, Jean-Paul II, Michaël Jackson...), le commandant Cousteau se préoccupe en effet encore beaucoup de l'avenir de notre planète et surtout de la trace qu'il a laissé dans le combat écologique. Il en veut notamment beaucoup à Nicolas Hulot, qui a repris le flambeau, et à qui on attribue trop souvent le droit des générations futures. Etrangement, Cousteau culpabilise aussi un peu. Sur l'origine de ses financements, sur l'introduction mystérieuse de l'algue tueuse Caulerra Taxifolia en Méditerranée à partir du musée océanographique de Monaco dans les années 80...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cette nouvelle série comique pré-publiée au fil des mois dans le magazine Fluide Glacial, Isa s'amuse et nous amuse d'une thématique écologique (hélas) d'actualité. Le fantôme du commandant Cousteau est en effet un concept à la fois original, astucieux, décalé, et riche en potentiel. L'explorateur-réalisateur-scientifique-écrivain a été de son vivant l'une des personnalités préférées des français... il est donc logique qu'il intègre le club très sélect des fantômes les plus regrettés. Son oeuvre toute entière était vouée à l'écologie, bien avant que celle-ci soit à la mode. Elle s'inscrit plus globalement dans une préoccupation humaniste, notamment avec son « droit des générations futures » qui se mêle furieusement à notre « développement durable » d'aujourd'hui. Et pourtant, son souvenir ne fait pas consensus, en raison des polémiques sur l'origine de ses finances, ou concernant l'introduction de l'algue tueuse en Méditerranée. Qu'ils soient honorables ou controversés, tous ces sujets sont ici tournés en dérisions, à des fins zygomatiques bien plus que satiriques. Chaussé de ses palmes, tour à tour aquatiques et académiques, coiffé de son célèbre bonnet rouge et muni de sa cage anti-requins, l'ectoplasme s'énerve, se justifie, se vante et tourmente nos stars actuelles de l'écologie (Yann Artus Bertrand, Nicolas Hulot, Al Gore) en apparaissant et disparaissant à satiété. L'impact de ces 11 historiettes que composent ce (premier ?) recueil est certes inégal, mais les idées sont assurément renouvelés, culottées et le dessin caricatural truculent est parfaitement adapté. Une bonne pêche.
