L'histoire :
Vous connaissez Les aventures de Starsky la palourde et Hutch la moule ? Deux héros coquillage, absolument immobiles, vivent des aventures époustouflantes sur leur rocher (immobile). Soit 12 cases photocopiées, d’une puissance narrative inégalée, dont seules changent les dialogues (ou – waoh – la couleur de fond). C’est dans Minimal ! Et les aventures intellectuelles et philosophiques de Placid et Lacan (le cousin de Muzo) ? C’est aussi dans Minimal ! Ou encore Le cœur de Sylvie, un roman-photo tendre et débile, narrant les aventures sentimentales d’une poule en peluche ? Tout cela est dans Minimal, aux côtés du Coin des enfants, mettant en scène triangles, ronds et carrés, confrontés aux réalités économiques et sociales d’une société en crise. Avec aussi Dieu est de retour (s’il avait su, il ne serait peut-être jamais parti). Ou l’arbre à palabres, dans lequel un con d’oiseau, au bout d’une branche…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Minimal est outrageusement prétentieux, avec son ambition « d’expliquer aux ignares analphabètes et cul-terreux béotiens » le sens et la portée de la BD moderne. Durant l’année 2005, Minimal a exhibé dans les pages de Fluide glacial un panorama avant-gardiste et caustique du « neuvième art plastico-séquentiel à phylactères incorporés », c'est-à-dire : la « BD » (beuark, ça paraît si réducteur, dit comme ça). En d’autres termes, Manu et ses potes, plein d’humour (noir) et de philosophie (de comptoir), se sont amusés à remplir chaque mois un cahier de gags en une planche, une case ou une vague zone dessinée, à l’aide de leur sens pointu du burlesque et des situations absurdes. Graphiquement, Minimal a toujours rempli son contrat : faire poiler un max, à l’aide du minimum de dessin possible. Intellectuellement, Minimal est tout ce qui manque au monde politico-médiatique d’aujourd’hui : de l’autodérision intelligente, sans complaisance ni retenue, au dernier degré. Mais voilà, Minimal s’est arrêté en 2005, avant de perdre son âme, parce que c’est toujours ce qui finit par arriver quand on continue à faire les choses qui marchent trop bien justement parce qu’elles marchent trop bien (vous suivez un peu ?). Plutôt que de laisser à l’abandon ces tranches d’humour ravageur, à l’instar des célèbres marges griffonnées du magazine (et par définition impubliables), l’éditeur a osé tout entasser dans un seul recueil. Du condensé d’humour made in Larcenet, pur beurre. On vous aura prévenu, faudra pas vous plaindre de crampes aux zygomatiques.
