L'histoire :
Après une journée de boulot classique de mars 2020, Monsieur Léon rentre chez lui en métro, avec son collègue Fernand. Ils se quittent en se disant « à je-sais-pas-quand »… car le soir même, le Président de la République annonce à la télévision un confinement strict à domicile. Les temps sont gris, l’humeur est triste. Blasé, Léon monte l’escalier de son appartement et salue une dernière fois sa voisine de palier, Mademoiselle Sophie, qu’il aime bien. Sa porte se referme, il allume la lumière et… la joie habite instantanément son chez-soi ! Léon ouvre son placard à apéro, il se cuisine des petits plats en toute détente, il bouquine sans fin allongé sur son tapis avec son chat, il s’entraine à faire des coups de golf en approches, il sculpte des petites décorations à placer au fond de son aquarium, il danse tout seul la salsa à poils, il fume le cigare en se balançant dans son hamac et en pensant à Mademoiselle Sophie, son amour secret platonique… Puis un jour, la radio annonce que le confinement est terminé. L’heure est venue de reprendre la vie d’avant. Monsieur Léon remet sa cravate, son trench-coat. Il enfile un masque et retourne dans la grisaille du train-train quotidien. Dans le métro, il retrouve Fernand et lui confie que ce confinement, c’était vraiment l’angoisse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ses lunettes à bords épais, ses grosses joues et sa fine moustache, il a la tronche d’un tueur au service d’une dictature sud-américaine… Mais Monsieur Léon, la cinquantaine bedonnante, est en réalité un simple petit fonctionnaire français sage et policé… d’apparence. Car dans sa tête, Monsieur Léon est exubérant, poète, libertaire, épanoui, un aventurier de l’âme qui sait où s’arrête sa marge de liberté : là où elle empiète sur celle des autres. Dans le plus grand secret, il est donc un doux rêveur et un amateur éclairé d’art et de culture. Il complote pour retrouver des cercles d’amateurs de bossa-nova et des danseurs de tango en souterrains. Et ce ne sont pas les contraintes d’un confinement anti-covid qui vont lui miner le moral ou l’empêcher de vivre son amour platonique pour sa voisine de palier, Mademoiselle Sophie (tiens tiens, comme dans Gaston Lagaffe, sauf qu'elle s'appelait Jeanne). Sans transition, ni titre, ni fin, les historiettes s’enchaînent dans une agréable continuité, souvent plus visuelles que bavardes. Plus attendrissantes aussi que gaguesques, elles sont signées Arnaud le Gouëfflec et l’ensemble est dessiné avec force dynamisme, expressivité et détails savoureux par son compatriote brestois Julien Solé, dans un monochrome majoritairement gris – signe des temps – mais régulièrement rehaussé d’une ou plusieurs teintes pêchues, en accord avec l’ivresse de vivre du moment de Monsieur Léon. Hips, vivons !