L'histoire :
Dans un futur post-apocalyptique, Pascal Brutal fait courir son chien Musclet dans le désert de la Beauce : lui en moto, le chien au bout d’une laisse. Mais les Stallone, un trio d’ennemis, surgissent, tandis qu’il profite de ce moment de tendresse. L’un est nain et porte un masque de Mickey ; les deux autres costauds sont trop crétins pour savoir parler et portent chacun un masque de Ronald McDonald. Ils kidnappent Musclet et ligotent Pascal, attaché quelques mètres derrière leurs motos. Puis ils le trainent à fond dans ce désert de cailloux, pour bien montrer qui c’est les plus virils. Mais ils sont trop cons et ils se mangent un ravin. Pascal et Musclet ont encore gagné.
Avant l’apocalypse, dans la France ultra-libérale d’Alain Madelin, Pascal Brutal est le king du stand-up. Tous les soirs, il fait le plein à l’Olympia pour assouvir un public assoiffé d’humour, avec des vannes subtiles et percutantes. Après un rail de coke en coulisse, il commence toujours par le sketch de « Ki c’est ka pété », et c’est parti pour une franche rigolade. Or ce soir-là, Pascal repère une jeune fille qui ne rit pas du tout, au fond de la salle. En grand professionnel, il mène sa performance à son terme, mais il la convoque juste après le spectacle dans sa loge, pour comprendre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Pascal Brutal, Riad Sattouf exorcise sans limite deux maux tragiques de notre société : la connerie pure et la puissance virile (pléonasme ?). Les contextes de ses historiettes sont globalement extirpés de notre France contemporaine, puis projetés dans un futur proche, exagéré et folklo. Tantôt c’est franchement post-apocalyptique, tantôt sous la présidence ultra-libérale d’Alain Madelin. Le héros incarne alors la virilité débile dans toute sa magnificence, toujours dans des profils de réussite sociale ou de domination insolente. Il est roi du stand-up, star du rap (avec un clip BD en entier !), trop balaise en kung-fu, plus grand joueur de foot de tous les temps, ou queutard professionnel et médiatique façon Rocco… Doté d’un physique exceptionnel et de sculptures capillaires à la mode, il est persuadé d’imposer le respect d’un simple regard. Son langage fleuri abuse du verlan et des expressions djeunz des quartiers. Wesh, c’est trop lol. A travers toutes ces outrances qui confinent évidemment au ridicule, Sattouf venge en quelque sorte tous les gens simples et normaux de la bêtise dominante, qu’on tait au quotidien pour éviter les conflits. Graphiquement sans prétention, c’est drôle et très actuel, nécessaire et utile.