L'histoire :
Animal, viril, esclave de ses pulsions, Pascal Brutal ressemble à l'homme de Neandertal propulsé dans l'ère moderne. Tout chez lui traduit un surplus de testostérone : une tête d'acteur porno, un cou de taureau, « des avant-bras aussi larges que les poignets permettant de bien défoncer la gueule » et des poils de fesses partout. Sans oublier les baskets Adidas Torsion et la gourmette (symboles du has been pas encore trendy) et le slip kangourou évidemment trop serré. Pascal est brut, nature, frais, spontané et en plus il cogne sec. Les mots, c'est pas son truc… Grand séducteur, aucune femme ne lui résiste : ni les femmes de l'armée, ni les Bretonnes, et encore moins les hommes (Cf. Abou Mahmoude). D'ailleurs, notre animal n'aurait-il pas quelques pulsions refoulées ? Bref, plutôt qu'analyser, notre HOMME préfère taper et choper. À la tête du « Commando Virilo », Pascal est aussi un sauveur : celui de la France, mais aussi de l'humanité face aux dangers terroristes. Un héros, on vous dit !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Encore une fois, le charme démesuré de Pascal opère ! Après deux tomes convaincants, Riad Sattouf revient avec son personnage fétiche dans quelques scènes bien senties. Certes, le trait est simple (voire minimaliste, pour certains) mais il colle parfaitement à la psychologie du personnage. Ne l'oublions pas, Pascal est un beauf et il doit être représenté comme tel, un graphisme sophistiqué se révèlerait inutile. L'efficacité de la mise en scène réside dans la capacité de l'auteur à combiner le subtil et le grossier, le fin et le vulgaire, le choquant et l'hilarant. Le style épuré convient à merveille à la description du profil pascalien. L'auteur retranscrit subtilement les pensées des personnages par l'utilisation du langage SMS, à l'image des dialogues de La vie secrète des jeunes : « témaladoukoitétarétusordetoleputain… », même si dans l'ensemble, le procédé narratif adopté est celui d'un observateur omniscient, analysant le comportement de Pascal (le lecteur éclairé en fait). Pascal, on l'aime et on le déteste, parce qu'il est drôle et pathétique. Il représente tout ce que l'on souhaite ne pas être, et pourtant, d'une certaine manière, on envie aussi sa séduction, son succès : au final, il nous ressemble car c'est un être (très) imparfait. Il est complexe, ce Pascal, capable de taper comme d'aimer, de pleurer comme de rire. Entier, il est le justicier d'une époque nihiliste où règne la loi du plus fort ! Ce tome 3 est le mode d'emploi du Pascal, c'est écrit en muscle (voir les dernières pages dans lesquelles le corps de Pascal est analysé sous toutes les coutures). Néanmoins, derrière l'humour, le propos se veut plus grave. Pascal est un antihéros, un peu vide et inconscient, brillant par ses exploits (voir Virility Escort). Il est le produit d'une certaine société : est-il unique ou nous lui ressemblons-nous tous ? Vit-il réellement dans un futur proche? Au lecteur d'en décider. Sattouf nous interpelle sur la nature de notre société et ce qu'elle produit : des héros un peu médiocres, derniers avatars auxquels se raccrocher. Bref, on rit beaucoup et intelligemment. Pascal a peu de mots et le seul langage qu'il maîtrise, c'est celui du corps. Sattouf, celui de la mise en scène et de l'humour, rien que ça.