L'histoire :
En Afrique parfois, au couché du soleil, la pénombre s’installant, le ciel comme la terre sable se colorent d’un rouge sang. L’atmosphère devient crépusculaire. Pourtant, c’est à cet instant que naquît Abdallahi, le serviteur de Dieu. Au roi des Braknas, le nouveau converti alias René Caillé, français fils de bagnard, confesse qu’à la lecture d’une traduction du Coran à Paris, il eut la révélation et vint en Gorée pour marcher sur les traces du prophète. Accueilli avec méfiance, l’homme médite jour après jour son véritable projet : être le premier Blanc à pénétrer la mythique Tombouctou. La prudence est de mise car à tout moment ses actes sont épiés, les indigènes espérant le prendre en faute. Alors il prie, récite et copie des versets du Coran afin de travailler son personnage. Le nègre Arafanba l’a prévenu : s’il continue à « parler la langue » (à se comporter comme) des Blancs, bientôt il pêchera. Ce dernier l’accompagne à Saint-Louis du Sénégal afin de rassembler les fonds nécessaires au périlleux voyage. En secret, le métropolitain rencontre le gouverneur qui l’accuse d’apostasie et lui refuse son concours. La course entre les nations européennes pour la conquête militaire du continent noir est lancée. Guère de place pour l’expédition d’un excentrique esseulé… Qu’importe ! Tous sauront son nom. Celui du premier Blanc à franchir les murs de la cité interdite. Mais René caillé est mort. Désormais demeure Abdallahi, fils d’Egyptien enlevé par les Blancs, esclave affranchi qui souhaite revoir sa terre natale…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Peut-être Paulo Coelho s’est-il inspiré de la vie de René Caillié pour écrire L’alchimiste ? Car Abdallahi, le serviteur de Dieu, en dépit des mensonges et faux-semblants, voyage en quête de sa « légende personnelle »… Les éditions Futuropolis nous gâtent en ce début d’année. A chaque histoire, son format adéquat. Alors que le déchirant Lucille compte plusieurs centaines de pages aux dimensions d’un roman, l’entrée de ce diptyque biographique tout aussi introspectif, s’est vue offerte un écrin cartonné classique mais superbe. Les peintures aux tons chauds réalisées par Jean-Denis Pendaux y trouvent une mise en valeur inestimable. On croirait contempler les tableaux d’un maître impressionniste (du moins reconnaître l’influence d’un Monet, Renoir ou Gauguin), ceux d’un occidental découvrant la beauté vraie de l’Afrique aux prémices de la colonisation. Remanié, le récit présente un contexte historique fidèle : le mythe du Blanc évolué venu apporté au bon sauvage la civilisation. Une croyance partagée, nourrie d’incompréhensions mutuelles. Christophe Dabitch raconte la vie fantasmée d’un homme allant au bout de lui-même, dépassant ce qu’il croyait être ses limites, frôlant la mort, ou pire, la folie, pour réaliser son rêve. Que vaut une existence si c’est pour ne point vivre ce pourquoi on croit être fait ? Peut-être le second volet apportera-t-il quelques commencements de réponses à Abdallahi, parce que l’alchimiste, lui, finit par trouver son trésor.