L'histoire :
Toujours accompagné de son guide Arafanba, Abdallahi, alias René Caillé, poursuit son voyage vers la mythique Tombouctou. Ils remontent à présent le fleuve en pirogues, de longues embarcations emplies d’esclaves noirs destinés à être vendus. Plus que jamais, dans le regard de ses compagnons négriers, le Français doit être Abdallahi, ce personnage sur mesure qu’il s’est créé ; sa couleur, trop pâle, risque à tout moment de le trahir. Le moindre faux pas lui serait fatal… Alors malgré les humiliations et les épreuves, le pèlerin se réfugie dans la prière et la lecture du Coran, son seul réconfort après de dures journées. Lorsqu’un soir, les caravaniers et geôliers veulent battre les nègres pour avoir osé chanter pendant le ramadan, Abdallahi prend leur défense et invoque le Prophète. Le colon civilisateur se dit au fond de lui qu’il suffirait de peu de garnisons métropolitaines pour avoir la maîtrise du fleuve et ainsi faire cesser cet ignoble trafic. Mais il n’en est rien et l’homme doit faire profil bas, endurer afin de survivre. Car les tensions s’accroissent à l’instar de son isolement et sa vulnérabilité. Abdallahi se sent maintenant de plus en plus à leur merci. Quand un matin, là, sous un soleil de plomb, apparaît l’objet de tous ses désirs : la cité interdite dont nul Blanc n’est revenu vivant. Mais la réalité est cruelle et loin du rêve…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Peut-être avez-vous souhaité offrir Abdallahi pour les fêtes ? Malheureusement, nombre d’entre vous se sont aussi peut-être (?) vus répondre qu’il n’était déjà plus en stock… Eh oui, fort du succès du premier volet, ce second était attendu comme le messie à Noël ! Car à peine le temps d’une grossesse écoulée, Christophe Dabitch et Jean-Denis Pendanx accouchaient (miraculeusement !) de ce dénouement. Un périple magique en terres d’Afrique, bâti autour du personnage mythique du français René Caillé, unique Blanc à avoir pénétré Tombouctou l’interdite et, surtout, à en être revenu. Exploitant les non-dits de la biographie officielle de l’aventurier, les auteurs laissent place au rêve, au voyage. Un double voyage au moins, à la fois visible et intérieur, dans les deux cas terrible ! En effet, tout autant qu’une formidable odyssée, cette retraite au désert se double d’un cheminement personnel plus périlleux encore où l’intégrité de l’homme vacille. A de multiples reprises, il frôle la mort. Qu'elle est ténue la frontière séparant la vie de la mort, décidant du génie ou de la folie !... On ne sait qui fut réellement ce héros des temps modernes. Fut-il cet apôtre d’une foi humaniste dépeint ici ? Servie par une esthétique superbe, dans la droite ligne du précédent, la conclusion de ce diptyque vous transportera, vous transformera (!), à l’instar de son héros. Un héros entre ombres et lumières, baignant selon les planches dans une ambiance chaude ou froide. Un héros bien humain en somme, un homme en quête, qui est allé au bout de lui-même. Décliner une si belle invitation au voyage serait sacrilège ! Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Offrir une bande dessinée de cette qualité ne souffre aucune occasion.