L'histoire :
En voyage en Colombie, Etienne Garandeau, un jeune français, a été enlevé par des guérilleros. Son père Michel, jusqu’alors simple ouvrier sur un chantier naval, part aussitôt à sa recherche, car il n’a aucune confiance dans les démarches diplomatiques effectuées. Les autorités françaises pédalent visiblement dans la semoule. Pourtant, Michel ne parle pas un mot d’espagnol, n’a jamais pris l’avion, n’a pas l’âme d’un globetrotteur et n’a pas l’ombre d’une piste. Néanmoins, à force de détermination, il remonte progressivement la piste de son fils et parvient à communiquer avec différents bourlingueurs qui ont croisé Etienne. Au fin fond du Parque Tayrona, une réserve naturelle sauvage, Michel attend désormais Claudius, un américain qui connaît tout le monde. Il en profite pour se déstresser en se baignant et en prenant du bon temps en compagnie de 3 jeunes gens. Evidemment, dès le lendemain, il culpabilise. Il contacte enfin Claudius, qui le met sur la piste de Vania, la copine brésilienne qu’Etienne s’est faite dans ce pays. Vania participe visiblement ces jours-ci au festival de salsa de Baranquilla. Michel reprend donc son périple et parvient – non sans mal – à trouver Vania. Celle-ci décide d’accompagner Michel dans ses recherches…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En matière d’aventures initiatiques, il est généralement courant de suivre un fils qui se place dans les traces de son père, ou du moins en quête de ses origines. C’est pourtant la démarche inverse qu’effectue ici le héros quinquagénaire Michel : tout en essayant, avant tout, de tirer son fils Etienne des griffes de la guérilla, il cherche à le comprendre et plus globalement à cerner les désirs de la jeunesse au sens large, à saisir le monde d’aujourd’hui. Dans la suite logique du premier volet, la deuxième partie de diptyque concoctée par Serge Perrotin continue donc le périple plausible de Michel en Colombie, d’étapes en étapes, entre le bonheur des nouvelles pistes et les longues périodes de stagnation et d’inquiétudes. Le temps ne semble pas être un problème pour lui : les investigations de Michel durent visiblement des mois… et nous amènent à faire moult rencontres de gens aux destins ébouriffants et authentiques. Marin paumé, américain exilé, jeune femme globetrotteuse, populations autochtones… un véritable bain pluriculturel, essentiel. On ne vous dira pas s’il retrouve effectivement son fiston, d’autant que ce dénouement importe moins que l’ouverture au monde proposée. A l’aide d’un dessin semi réaliste stylisé, Clément Belin a du se faire plaisir, lui qui parcourt le monde au sein de la marine marchande. Ce diptyque est une formidable aventure humaine qui fait voir du pays et exhorte à la rencontre de l’autre.
