L'histoire :
Au milieu de la ville de Blackool, en juin 2016, au volant d’un coupé décapotable de collection, Mary fait des tours de rond-point. Elle se fait klaxonner par tout le monde, elle hésite et tourne encore, puis finit par sortir et prendre à droite en suivant un panneau qui indique une déviation. Ce n’est pas le chemin du retour chez elle, où elle devait rentrer avec un pack de bières. Ce n’est pas son chien non plus assis à côté d’elle, ni sa voiture d’ailleurs. Tout cela est à lui, mais elle s’enfuit, elle ne va pas faire demi-tour, elle prend la route du Sud. Elle fait connaissance avec le gros chien à qui elle va bientôt donner un nouveau nom. Elle ne sait pas encore comment elle va gérer ses prochains jours, ni si elle va réussir à ne pas faire marche-arrière. Elle sait ce qui l’attend si elle se retrouve face à lui. Elle connaît ses colères depuis des années, elle connaît la violence. Mais elle a la voiture, sa carte de crédit, un compagnon de route qui semble l’apprécier. Alors malgré cette voix entêtante dans sa tête, elle avance. Le premier arrêt pour la première nuit sera l’occasion d’une rencontre étonnante avec un couple fêtard dans un camping modeste. Peut-être un bon signe...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette chronique sociale débute en nous laissant perplexe sur ce qui est en train d’arriver à Mary, au volant de cette voiture de collection jaune qui ne lui appartient pas. Une voix-off ne cesse de lui donner des ordres confus, mélanges de menaces et de gentillesse qui vont nous faire comprendre ce qu’elle vient de faire. Elle a pris la fuite pour échapper à un conjoint violent, et c’est son parcours chaotique, sa tentative de se libérer d’une relation dangereuse et toxique que les auteurs racontent. Il faut un peu de temps pour comprendre le ton général de ce récit, marqué au début par une série de galères plutôt drôles, et la relation entre l’héroïne et son chien qui apprennent à se connaître. Les auteurs injectent des éléments du drame par petites touches, restant en équilibre entre leur propos et l’aventure individuelle, les rencontres que Mary est en train de vivre. C’est en tout cas un nouveau tour en Angleterre pour Michel et Béa Constant qui aiment décidément y situer leurs récits, sans que cette fois le contexte local joue un quelconque rôle. L’histoire de Mary se veut universelle, elle est abordée en mode plutôt feel good, ce qui est assez surprenant mais délibéré. Mary va croiser beaucoup à de gens adorables qui vont l’aider à faire son chemin personnel, dans une sorte de road movie sans but précis. Vers le Sud en tout cas.