L'histoire :
Ethan est un jeune ingénieur dans une grande entreprise pétrolière. Celle-ci l'envoie en Norvège en campagne de prospection pour évaluer de nouvelles réserves. Un gisement important d'or noir dont il va falloir préparer l'exploitation, dans un pays dont il ignore tout. Son arrivée sur place dans la petite ville de Svolver, dans l'archipel des Lofoten, lui permet de passer quelques jours dans une ancienne cabane de pêcheurs, devant une grande étendue d'eau, seul devant des paysages magnifiques. Il y découvre doucement la longueur des journées, la beauté des paysages... Notamment, les couleurs du ciel n'ont rien à voir avec ce qu'il a connu jusque là. Dès ses premiers contacts, il n'hésite pas à expliquer à ses nouveaux voisins les raisons de sa présence ici. Le développement économique que la compagnie qui l'emploie va apporter, les emplois bientôt créés, le besoin vital de pétrole pour satisfaire les besoins du monde en énergie... Mais sa conviction d'ingénieur va petit à petit se trouver désarmée devant l'approche humble et fusionnelle de ses nouveaux amis face à la nature. Les conversations du soir vont bientôt devenir bien plus importantes, riches et instructives que les échanges professionnels avec ses collègues de l'équipe technique. Et le regard d'Ethan sur le monde va changer en profondeur...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le récit de Mathilde Ramadier se laisse découvrir au rythme de l'expérience d'Ethan, perdu au milieu de paysages bouleversants de beauté. Sans jamais brusquer le lecteur, mais avec un sens de la pédagogie appuyé, le parcours du jeune ingénieur pourrait être celui de quiconque prend le temps de s'arrêter pour réfléchir au sens qu'il veut donner à sa vie. La scénariste a travaillé avec Laurent Bonneau pour construire un traité de sensibilisation à l'écologie profonde, une vision portée par le philosophe Arne Naess, très populaire en Norvège. Le dessinateur touche notre sensibilité dès son premier paysage en pleine page, sobre et formidablement lumineux. On rejoint Ethan sans voix devant des images d'une grande pureté, que Bonneau met en valeur avec un grand sens de l'épure. Les dialogues sont parfois absents, pendant plusieurs pages, avant de revenir en force pour une longue discussion captivante de réalisme. Si l'on excepte une fin un peu didactique, l'album se vit comme une découverte personnelle, d'autant plus convaincante qu'elle n'est jamais caricaturale. Le travail de Laurent Bonneau est une nouvelle fois formidablement original et personnel, ses pages étant souvent d'une force visuelle sidérante. Le dessinateur n'a pas encore trente ans, mais il imprime déjà à chacun de ses albums une force impressionnante.
