L'histoire :
« Vous avez vu celle que je cherche ? ». Cette phrase accompagne Léonard, le petit balayeur, au fil de ses journées. Au détour de ses rencontres, il la martèle sans arrêt, espérant une réponse… en vain. Au café du coin, Léonard, le simple d’esprit, retrouve ses amis, se contente d’un lait tiède et repose sa question. Il y a là Karim, le régisseur du théâtre qui emploie Léo, René, le bougon, Antoine, le postier, Mika, le barman, et Franck, scénariste en quête d’inspiration. Ce dernier se demande d’ailleurs si son ami ne serait pas un bon sujet. Après avoir reçu son consentement, Franck décide de mener son enquête dans le village natif de Léonard. Il a, en effet, tout oublié de son enfance et se sait uniquement orphelin. A la Chartre-sur-le-Loir, se prétendant journaliste, il rencontre Suzanne Roux (la tante de Léonard) qui évoque, mystérieuse, les morts tragiques de son frère et de sa belle-sœur, lorsque son neveu avait 8 ans. Elle se satisfait d’ailleurs que le garçon ait tout oublié. En continuant de s’intéresser minutieusement au quotidien de son héros, le petit scénariste découvrira chez son ami une étrange singularité : lorsque celui-ci souhaite que quelque chose arrive, il emploie invariablement la même expression « ça se passe ». Et le plus surprenant, c’est qu’effectivement la prédiction se réalise… Il en sera ainsi des amours de Karim, du retour inattendu de la femme de René ou, plus ahurissant encore, d’une guérison inespérée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ah ! Qu’il est bon parfois de se sentir juste humain… Dommage qu’il faille qu’un excellent scénariste et qu’un merveilleux dessinateur soient obligés de nous y pousser. La lecture d’Exauce-nous ne laisse en effet pas indifférent. Les auteurs réussissent à émouvoir en jouant intelligemment avec leurs propres émotions, pour finalement nous donner une belle leçon d’amitié. Dans cet album, tout fonctionne aux petits oignons. D’abord, un récit à intrigue qui, même s’il ne s’agit pas du propos, accroche la lecture. Puis, une histoire à la fois sombre et lumineuse qui use, avec talent, de toute la gamme des sentiments. Ensuite, des personnages simples et touchants posés dans un décor Amélie-Poulinesque. Des gens comme il en existe tellement, à côté de qui l’on passe indifférent. Enfin, une narration cinématographique qui rythme à merveille le tout. Le travail graphique de Frédéric Bihel, quant à lui, lisse avec délicatesse l’ensemble. Le choix des couleurs, le jeu des encres et de l’eau, la pureté des regards ou la douceur des sourires assoient définitivement le ton humaniste de l’ouvrage. Pierre Makyo et son comparse hissent haut les couleurs du 9e art en rendant le lecteur intelligent, en éduquant son regard sur celui qui est différent. Rares sont ces petits moments où l’instant qui suit la fin d’une lecture est riche de questions. Profitons-en !
