L'histoire :
Hélène joue dans la lande et découvre les herbes qui la jonchent. Sa mère lui interdit toutefois d’y toucher, surtout la belladone, car ses baies noires sont mortelles, un vrai poison ! Comme elle s’apprête à cueillir une fleur de tonnerre, sa mère la surnommera ainsi. Arrivent à ce moment là deux hommes avec leur carriole. Ces marchands ambulants, perruquiers de leur métier, récupèrent les cheveux du tout venant. Ils hèlent le groupe de femmes qui accompagnent Hélène. Méfiance. Toutes munies d’une épingle, elles se ruent sur ces hommes de passage, allant même jusqu'à crever l’œil de l’un d’entre eux. Hélène retourne chez elle et cogne trois fois ses sabots pour les décrotter. Sa mère pense alors qu’un malheur s’approche… notamment l’Ankou, ouvrier de la mort, qui vient faucher les âmes et les corps sans raison. Peu de temps après, Hélène se rend à la chapelle des caqueux, une chapelle maudite. Le soir venu, Hélène place quelques boules de belladone dans l’écuelle de son amie Émilie, qui s’en étonne. La mère lui retire tout de suite sa soupe d’herbe, et crie qu’heureusement que Fleur de tonnerre ne les a pas écrasées et n’en a pas mis beaucoup plus, sinon on ne se serait aperçu de rien. La femme avale à son tour sa bouillie, à laquelle elle reproche un arrière-goût amer. Elle ne se réveillera plus…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après La Montespan, Le magasin des suicides, Mangez le si vous voulez, Charly 9, Je, François Villon, c’est au tour de Fleur de tonnerre du même Jean Teulé de connaître une adaptation en bande dessinée. Et nous pouvons confirmer une franche réussite. Jean-Luc Cornette a su scénariser les moments phares de la vie d’Hélène Jégado, une réécriture satisfaite et fidèle à l'œuvre originale. Pour mémoire, Teulé reprend l’histoire vraie d’Hélène Jégado, la plus grande serial killer de Bretagne : ses parents l’ont tellement effrayée avec les légendes bretonnes et les superstitions en tout genre, qu’elle a conjuré la peur en devenant la peur elle-même, c’est-à-dire l’Ankou. Quant au graphisme composé par Jürg, il rappelle les gravures bretonnes du XIXème siècle. En prime, le jeu de couleur a un petit « je ne sais quoi » en plus qui nous plonge dans une atmosphère à la fois calfeutrée et diabolique. La palette de couleurs est à la fois sombre et lumineuse, un savant mélange de gris froid, de gris chaud, ponctué d’ocre rouge pour donner la touche de contraste, menant à un équilibre parfait. Le résultat de cette nouvelle collaboration entre Cornette et Jürg (Ziyi) marque une fois encore la force du binôme. Si vous entendez « wik wik wik », dans la nuit, sachez qu'il s'agit soit de votre portail qui grince, soit de l'Ankou qui vous rend visite...