L'histoire :
En Ecosse, au début du XIXe siècle. A l’issue d’une énième pendaison sur la grève publique, l’idéaliste Archibald Hermiston s’insurge. C’est un assassinat, un défi à dieu ! Et pourtant, le redoutable juge qui a décidé cette sentence n’est autre que son père. En conséquence de ces propos publics, le juge convoque son fils. Il ne peut tolérer une contestation à la loi proférée par un magistrat du roi, encore moins en provenance de sa propre famille. Il refuse également que son fils embrasse une carrière prometteuse, dont il tirerait forcément profit pour étayer son opposition. Il décide donc de l’exil d’Archibald à Hermiston, une parcelle familiale dédiée à l’élevage. Et il entend que le rendement s’en trouve amélioré. Dont acte : Archie s’installe à Hermiston, un coin de lande désolé et austère. Entre ses promenades mélancoliques et l’exploitation de la ferme, il y noue de courtoises relations avec Kirstie, sa vieille servante énamourée. Elle lui raconte les origines de sa famille, et notamment les exploits hétérodoxes de ses neveux, surnommés les « quatre frères noirs ». Puis un jour, à la messe, il croise le regard troublant de leur sœur Christina. Il en tombe aussitôt éperdument amoureux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jean Harambat propose ici une adaptation du dernier roman de Robert-Louis Stevenson, Weir of Hermiston traduit par Hermiston, le Juge pendeur. Un roman qui reste précisément inachevé, car l’écrivain, exilé aux îles Samoa, est mort durant sa dictée. A l’origine, Stevenson entendait que le Juge Pendeur soit son chef d’œuvre. La postérité retiendra pourtant essentiellement de lui L’ile au trésor et Dr Jekyll et Mister Hyde. Bref, cet ultime récit relate la destinée tragique – et néanmoins sentimentale – du rejeton d’un juge cruel, dont la personnalité a été calquée sur celle de Lord Braxfield, un juge d’Edimbourg contemporain de ces évènements. On y croise en vrac un conflit paternel, des bandits de grand chemin, des amours contrariés et une image de la lande crépusculaire et venteuse, digne des sœurs Brontë. L’ouvrage porte en lui de nombreuses lectures : il y a la tragédie familiale, à travers l’affrontement à distance père-fils et la transmission des valeurs ; la dimension politique, pour la rivalité entre l’anglicisation du territoire et le traditionalisme écossais calviniste ; la romance et les mœurs d’une époque, concernant les amours interdites entre Archi et Christina, ou des sentiments de Kirstie pour Archi… Bref, un vaste panel de lecteurs y retrouvera son compte. Pour la forme, Harambat utilise un trait de dessin stylisé et « rapide », réalisé à l’aide d’une grosse plume irrégulière, à la façon des dessinateurs britanniques appréciés par l’auteur (Ronald Searle). Ce premier tome se concentre sur l’adaptation stricto-sensu du récit inachevé existant. La seconde partie du diptyque, à venir, sera vraiment l’extrapolation des intentions de Stevenson, une fin proposée par Jean Harambat, à partir des notes prises par la belle-fille de Stevenson, qui donnent un schéma global du dénouement.