L'histoire :
Année 2000, Surinam, le long de la frontière guyanaise… Un petit avion dépose, sur un bout de piste ocre, en pleine jungle amazonienne, une poignée d’aventuriers. Parmi eux, Issaïas et son oncle Mariano. Eux deux, comme les autres, sont venus chercher ce métal jaune si précieux que le fleuve à la bonté de charrier à petites paillettes. Mais ici, comme ailleurs sans doute, on ne s’improvise pas chercheur d’or comme on en a envie. Le territoire est parfaitement cadré par les mafias locales aidées des Bonis, une ethnie d’origine africaine, descendants des esclaves marrons. Mariano conseille à son neveu de ne jamais se faire embaucher par eux : des fois ils paient ; souvent ils ne paient pas ; et parfois aussi ils font pire, surtout quand on essaie de les rouler. Rapidement pourtant, il faut montrer patte blanche pour ne pas se faire enrôler de force. Mariano s’en sort cette fois avec un gros mensonge qui leur permet d'emprunter une pirogue sans garde-chiourme sur le dos. Ils espèrent ainsi pouvoir bosser en solo. L’embarcation les laisse bientôt sur la rive française, à Maripasoula, le dernier village avant la forêt. Mariano veut y faire des provisions. Aussi, lui et Issaïas se rendent-ils au « Maroni », le seul bar-épicerie du coin. Faut-il déjà leur souhaiter bonne chance ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est un feuilleton en 6 épisodes, façon western en pleine Amazonie, dégoulinant l’or, l’humidité, la poisse, la vengeance et les coups tordus, qui pointe ses pinceaux pour une entame plutôt appétissante. Six récits, six aventuriers, six destins confiés à l’imagination de Stéphane Piatzsek, devraient nous mettre entre les pattes d’une bande d’orpailleurs dans un des coins les plus reculés (et sans doute un poil oubliés) de notre mère patrie : la Guyane française. Pour cette entrée en matière, on se laissera guider au bord du fleuve Maroni entre France et Surinam par le jeune Issaïas et son oncle Mariano. Rêveurs de fortunes, vieux baroudeur et jeune échaudé par la mort de son père victime de l’exploitation d’une bande d’esclavagistes, nos deux bonhommes se feront rapidement prendre au piège. Celui d’une mafia locale parfaitement organisée pour extraire de la boue un maximum de profits. Aussi vite, d’ailleurs, la belle brochette de protagonistes présentée bâtira les fondations d’un drame parfaitement ciselé, offrant les promesses de savoureuses confrontations : ça sent immédiatement les mauvais choix et la vengeance à plein nez ! D’autant que l’ensemble se joue au rythme d’une mise en bouche certes classique, mais haletante. Et qui offre surtout la certitude de personnages parfaitement campés dont on imagine aisément que le scénario s’amusera à croiser les destinées. Pour quel résultat ? A voir… Mais ce serait bien surprenant que ça se fasse dans le coton qui devrait plutôt uniquement servir à éponger quelques litres de sang. Du réalisme, du thriller, de l’action, des profils psychologiques joliment esquissés, une pointe de critique social… mais aussi et pourquoi pas, surtout, une partition graphique impeccable. Beau jeu d’aquarelles, incroyable faiseur d’atmosphère et d’émotion, cadrages choisis ou élégance… Le dessin de Frédéric Bihel porte parfaitement les intentions de la série : moiteur ; luxuriance, fièvre aurifère ; et drames en devenir.