L'histoire :
Laurent Aubier, 35 ans, réparateur en photocopieuses, roule sur une petite route de montagne, lorsque soudain, un véhicule venant en sens inverse le percute. Sa voiture chute dans un ravin et Laurent perd connaissance. Un flot d'images et de réminiscences du passé s'entrechoquent durant son inconscience. Après un court coma de 10 heures, il se réveille dans une clinique, avec une gentille infirmière à ses côtés, Janine. Celle-ci le rassure : il n'a que deux côtes fêlées et quelques contusions, il pourra sortir rapidement. Lui sent bien d'ailleurs qu'il a toute sa tête et il s'en sert pour draguer un peu Janine. Celle-ci lui avoue et lui prouve alors qu'elle sait déjà beaucoup de choses sur lui : il a parlé durant tout son coma, délivrant des informations qui n'appartiennent qu'à son subconscient. Comme pour lui rendre un service, Janine lui offre même à sa sortie d'hôpital un carnet dans lequel elle a consigné la somme du flot de paroles issu de son délire comateux. Le voilà avec un accès direct à sa « boîte noire » personnelle : 30 années d'interdits, de souvenirs refoulés, de fantasmes et de messages restés sans écoute, se dévoilent alors à lui. Il est bouleversé au début par ces souvenirs qui lui reviennent par flashs, au gré de ce qu'il découvre de lui-même. Laurent décide de décrypter chacun de ces courts et parfois mystérieux textes, et cela tourne à l'obsession, qui le déssociabilise. Car certains souvenirs inconscients révèlent de terribles secrets...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Initialement éditée en l'an 2000, La boîte Noire est aujourd'hui rééditée par Futuropolis, qui souligne très justement le petit bijou contenu par ce one-shot. Le scénario se montre en effet d'une rare intelligence, susceptible de faire surgir le thriller du plus profond de chacun de nous. Si l'histoire débute bel et bien par un accident, la « boîte noire » dont il est question n'est pas celle du véhicule, mais le subconscient dévoilé de la victime, héros de l'histoire. Son coma a en effet offert à une infirmière le délire verbal, par bribes désordonnées, de tout son être refoulé... Et le voilà qui enquête sur lui-même, sur son passé, comme l'a fait un certain célèbre amnésique du 9ème art (XIII). Or Benacquista a non seulement la bonne idée de départ, mais aussi le talent pour faire monter la pression et densifier les révélations choc : avec cet accès à son moi le plus profond, notre héros finit par ne plus savoir qui il est, par perdre pied dans sa vie. Le thriller se double alors d'une réflexion sur l'essence qui forge notre personnalité, notre équilibre. Est-il souhaitable de tout savoir ? Faut-il compenser les erreurs du passés et y a t-il prescription pour se venger ? Benacquista a confié la mise en scène de ce psycho-thriller à son partenaire de l'Outremangeur, Jacques Ferrandez. Le dessinateur offre le meilleur de sa griffe pour ce faire, alternant une narration séquentielle classique et prenante au présent et les séquences de réminiscences oniriques en montage graphique de peinture et collages. Une pépite à (re)découvrir...
