L'histoire :
Pour remplacer son père qui vient de mourir prématurément, la jeune Maraki Zatu prend part à une chasse organisée par trois de ses voisins, dans la vallée de Chambara. Au cours de la battue, l’un d’eux blesse volontairement un gros molosse qu’il croit errant. Le propriétaire de l’énorme chien ne tarde pas à réclamer réparation et provoque en duel Ni. Mais l’homme manque cruellement de bravoure et refuse le combat. C’est alors, que San, son ami, intervient en exécutant d’un coup de fusil le querelleur. Les trois hommes décident de se débarrasser rapidement du corps avant de s’apercevoir que la jeune Maraki est sans doute un témoin gênant. La petite s’empresse d’ailleurs de rentrer chez elle en coupant à cheval par un grand lac gelé. Mais la mince pellicule de glace cède et Maraki s’enfonce inexorablement. Ni, San et Ishi décident de la laisser se noyer. Ils imaginent en effet très bien pouvoir tirer profit de ce malheureux accident : l’un imagine épouser sa mère ; l’autre s’emparer de son or ; le dernier s’accaparer la charge militaire de son père. Et de fait, Ishi séduit l’inconsolable Kajin et il honore le marché en partageant l’héritage avec ses amis. Pendant ce temps, un peu plus loin, le vieil Ukifune Jinnai, un ancien redoutable Shinobi (ninja) recueille et soigne une petite fille…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Les contes du 7e souffle, Hugues Micol retrouve ici le japon médiéval pour un conte savoureux. Au centre de l’intrigue, l’histoire d’une vengeance... Celle de la petite Maraki, laissée pour morte au fond d’un lac gelé, par trois bonshommes pressés de mettre la main sur son héritage. Bien que classique, la trame qui conduira la jeune fille (rencontre d’un mentor, usurpation d’identité, stratagèmes, amour…) à faire payer l'addition à ces briseurs de destin, est on ne peut mieux maitrisée. Du reste, on ne se fait pas prier pour s’immerger rapidement, avec envie, au cœur du récit. Hugues Micol use avec intelligence de tous les ingrédients mis à sa disposition : humour, action, incursions fantastiques, dramaturgie impeccablement théâtralisée… donnent beaucoup de relief à l’ensemble. La touche moderne est assurée par certains des dialogues, dont le décalage ne parvient même pas à chatouiller. La conclusion, quant à elle, s’inscrit parfaitement dans l’art du conte. Bref, un exercice narratif impeccable, rappelant au passage qu’à condition de bien le faire, on peut rendre tout passionnant. Le dessin si identifiable d’Hugues Micol participe, lui aussi grandement, à la réussite de ce projet. On sent qu’il se fait plaisir, jouant avec la page dans une organisation atypique d’une parfaite lisibilité. Couleurs directes, mouvements, décors nous plongent habilement dans l’esthétisme requis : un délicieux entrelacs qui utilise avec passion et brio les références traditionnelles japonaises. A recommander.
