L'histoire :
C’est l’effervescence à Reno. 20 000 personnes débarquent des quatre coins des États-Unis pour assister au combat de boxe du siècle, qui aura lieu le 4 juillet 1910, malgré la chaleur accablante qui sévit dans ce coin du Nevada. Les rues sont bondées de parieurs aux poches bien remplies, de quoi ravir les voleurs à la tire et les prostituées. Le combat qui rassemble autant de fans de boxe oppose Jack Johnson, l’actuel champion du monde, à James Jeffries, ancien champion ayant pris sa retraite il y a quelques années. Mais si ce combat est si important, c’est qu’il brise la « color line » et oppose un boxeur blanc à un boxeur noir. En effet, nombreux sont ceux qui réprouvent que l’actuel tenant du titre soit un Américain dont les parents étaient des esclaves, à commencer par l’écrivain Jack London et le président Roosevelt. C’est sous les insultes racistes et les huées que Johnson entre sur le ring, prêt à en découdre et persuadé d’être le dernier debout. Mais avant de connaître l’issue du combat, Jack a quelque chose à nous raconter...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans une Amérique où le racisme est monnaie courante, Le Dernier Debout raconte un combat de boxe, mais pas seulement. Le récit est entrecoupé de segments retraçant la vie de Johnson, ce qui ajoute une profondeur contextuelle à l'histoire. Le personnage principal, qui est également le narrateur, s'adresse directement au lecteur, nous plongeant ainsi au cœur de son histoire personnelle. Et il ne fait pas dans la demi-mesure. Le texte est cru, sans concession, de même pour les dialogues, reflétant fidèlement la dure réalité du monde de l’époque. Le rythme est parfaitement dosé, assez soutenu pour nous maintenir en haleine, tout en nous laissant le temps de bien comprendre l’histoire. Globalement, le scénario est bien écrit, et captivant dès les premières pages. Le propos est souligné par un dessin en noir et rouge, évoquant le cuir des gants de boxe et le sang. Cette palette de couleurs symbolique souligne le combat des personnages et l'atmosphère oppressante de l'époque. Les illustrations sont détaillées et la composition des pages est dynamique et attrayante, renforçant l'impact visuel de l'œuvre. La BD se distingue également par une variation de style afin d’enrichir la narration. On passe ainsi du dessin classique à des planches de dessin technique, rappelant les manuels de boxe, ou aux caricatures des journaux de l’époque, dénonçant le racisme subi par les boxeurs noirs.
