L'histoire :
Un attentat à la bombe a lieu dans un centre commercial au moment de Noël. On parle d’un cocktail Molotov, suite à d’une simple bagarre qui aurait dégénérée entre des ados et des vigiles… Ce qui est sûr, c’est que le bilan est terrible : des centaines de morts, surtout des enfants. Pourtant parmi les tonnes de décombres fumants et brûlants, une fillette a été retrouvée miraculeusement indemne. Les deux flics qui lui rendent visite à l’hôpital pour les besoins de l’enquête, sont surpris de pénétrer dans un institut de recherches parapsychique... Un médecin leur explique qu’avant d’être un témoin, Margaret est surtout un objet d’études top-secret, placée sous surveillance permanente dans une zone de haute sécurité. Car non seulement il est absolument incompréhensible qu’elle ait pu réchapper à une telle catastrophe, mais en plus elle présente des troubles neuropsychologiques singuliers. Son esprit est bloqué dans une sorte de coma, durant lequel elle revit l’incendie en boucle. Et lorsque le médecin entre en communication télépathique avec elle grâce à l’hypnose, elle se met à parler russe… alors qu’elle ne connait pas cette langue !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce premier volet entremêle plusieurs trames alléchantes : les prémices et les suites de l’attentat (avec les gamins), le décor médical où se situe Margaret, les soucis psychologiques du docteur Sacha Iablokov, et une sorte de monde parallèle dans une pièce aseptisée où évolue une autre fillette que Margaret (qui n’est pas non plus la Lucie du titre)... Si le scénario de Kris n’a pas encore le temps de relier ces séquences de manière très claire en 32 planches (c’est le principe de la collection du même nom), il réussit rudement à nous appâter autour de l’exploration de l’esprit humain. Vous connaissez la rengaine : il parait que l’on ne connait que 10% des capacités du cerveau… Nous sommes donc pour le moment à la frontière entre le réel et le fantastique, à mi-chemin entre le matérialisme et le divin, au point même où la science des hommes se révèle tout bonnement insuffisante. A travers un univers d’anticipation (légère), le synopsis de cette série prévue en 18 épisodes posera à terme l’ambitieuse et sempiternelle question du sens de la vie. Le dessin de Guillaume Martinez réussit à rendre ce premier volet angoissant avec deux fois rien. Juste une pièce glauque, avec une profondeur de champs maximale pour illustrer l’univers subconscient… Juste un crayonné renforcé sur un style réaliste, un peu vaporeux, idéalement complété par un joli travail d’ambiances et de couleurs, ternes et léchées, par Nadine Thomas…
