L'histoire :
Arthur, professeur des beaux-arts à la retraite, mène une vie de solitude avec une routine paisible au bord d’un lac en Suède. Jusqu’au jour où il reçoit la visite d’un galeriste, Gabriel, qui vient se baigner nue devant chez lui. Arthur porte les 70 années de sa vie sur les traits de son visage, il est acariâtre et triste. Lors de sa baignade matinale, il se rend compte que son visiteur n’a pas encore plié bagage et il lui vient en aide pour ranger sa tente, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent face à face et qu’une grande émotion l’envahisse. Comme la météo n’est pas clémente, il l’autorise, malgré sa réticence, à déjeuner chez lui. Puis, pendant une altercation dans son atelier, ils se retrouvent de nouveau très proches et passent à l’acte. S'ensuit une relation sentimentale entre les deux hommes, faite de café chaud, de baignade dans le lac et d’étreintes passionnelles. Néanmoins, dans le passé, Arthur fut marié à une femme et il a deux enfants de cette précédente union. Il a toujours refoulé son homosexualité malgré ses attirances pour les hommes depuis longtemps. Même si Gabriel a un caractère impulsif et violent, il aime passer du temps auprès de lui. Il décide même de réaliser une exposition dans sa galerie avec des dessins de sa jeunesse, plutôt explicites, qu’il intitulera « Entre fantasme et réalité ». Réussira-t-il à assumer son homosexualité auprès de ses enfants ? Qui est véritablement Gabriel ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Ma vie sans Billie (2021) en tant qu'autrice complète, la bretonne Alice VDM illustre ce one-shot pour le scénariste Cyril Legrais, précédemment auteur de Les Ruines de Tagab (2017). Leur souhait est de raconter une histoire simple, et le pari est plutôt réussi. Le récit est simple : Arthur a vécu toute sa vie dans le paraître et le mensonge, bridé par une société hétéro-normée. À la fin de sa vie, il parvient enfin à assumer son orientation sexuelle. A travers l’histoire simple d’Arthur, la BD aborde deux sujets tabous : l’homosexualité et la sexualité des séniors. C’est rare de voir en BD des corps âgés s’entrelacer et prendre du plaisir. Le simple fait d’avoir un héros de 70 ans au centre d’une histoire sentimentale est déjà une belle proposition. La seule chose qui peut être reprochée, c’est qu’il soit sous le charme d’un homme à l’attitude caractérielle et compulsive et qu’à aucun moment il ne soit remis en question. Sa contrariété est compréhensive face à un homme qui a du mal à assumer son désir, mais en aucun cas cela ne justifie l’humiliation qu'il lui fait subir et les attitudes violentes que cela provoque. L’histoire d’amour aurait pu être parfaite, même si le lecteur est heureux pour Arthur qu’il se soit assumé. On lui souhaite tout de même de trouver un autre partenaire pour finir sa vie. A l’image de l’histoire, les illustrations sont simples et efficaces, les arrière-plans sont pratiquement inexistants, a contrario des expressions des personnages mises en exergue.
