L'histoire :
Ce soir-là, Sophie rentre chez elle enthousiaste. En effet, son professeur de djembé d’origine togolaise a annoncé à ses élèves qu’il organisait un voyage au Togo l’année suivante. Mais attention, pas un touriste-tour à l’occidentale ! Une immersion totale et authentique dans la société du pays, dans « la famille » au sens large, pour ceux qui veulent découvrir l’Afrique pure. Etant donné l’organisation que cela demande, Pete limité les places et demande une réservation ferme longtemps en avance. Antoine, le mari de Sophie, est plutôt partant, étant donné qu’il a vécu son enfance en Afrique et qu’il a toujours manifesté le désir d’y retourner. Tous deux se positionnent donc parmi les voyageurs. Durant une année de réunions nécessaires aux préparatifs du voyage, Pete montre alors curieusement un caractère lunatique, et s’emporte parfois dans ses discours anticolonialistes. Curieusement, il refuse aussi de communiquer les contacts sur place et les détails du périple. Malgré cela, Sophie et Antoine lui accordent sa confiance et partent. Dès leur arrivée à l’aéroport de Lomé, ils aperçoivent Pete, qui a rasé ses rastas et portent un costume noir. Celui-ci fait alors mine de ne pas les connaître… Le couple commence à entrapercevoir le piège dans lequel ils sont tombés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est l’histoire d’un voyage en Afrique, un voyage authentique – une idée somme toute courante – qui tourne au cauchemar. Cette aventure contemporaine est pourtant basée sur une histoire vraie… Dans ce one-shot visiblement à peine romancé par Christiane Germain (d’après une histoire de Claude K Dubois), un couple français de héros ordinaires se retrouve grossièrement piégé par le gourou togolais d’une secte évangélique. La chronique de voyage glisse donc progressivement vers la thématique sociale de la manipulation, puis bascule carrément dans le pur thriller. Toutefois, en plus de laisser dubitatif quant au réalisme du récit, la confiance aveugle que place le couple dans le personnage de Pete, malgré des signes d’alerte évidents, donne envie de leur coller des baffes. N’importe quelle personne sensée ne se laisserait pas embarquer dans un voyage aux contours aussi incertains ! Or justement, ce sont les êtres faillibles et/ou naïfs qui se retrouvent chaque année exploités par milliers, victimes de sectes. La force du scénario est de ne pas en tirer de grandes leçons de morale, mais aussi d’éviter la stigmatisation d’une Afrique aux mentalités archaïques. C’est hélas aussi sa faiblesse : à trop rester à distance du fond, à se limitant à décrire la mésaventure sans baliser sa trame d’« étapes » tranchées, on peut aussi avoir le sentiment d’un sujet à peine frôlé. Bien des questions resteront notamment sans réponse (quel est donc le mobile de cette « prise d’otages » ?) Toujours est-il que cette histoire – ou plus précisément son décorum – a dû parler intimement à Arnaud Floc’h, qui a vécu sa jeunesse en Afrique et réalise le dessin séquentiel. Sa technique artistique mêle visiblement crayons gras, peintures et encre, pour un rendu abouti et maîtrisé. Un bouquin à conseiller aux insouciants aventuriers en herbe…
