L'histoire :
Juin 1990. Thibault est un jeune homme guilleret et dynamique, mais un peu irresponsable. Emporté par son entrain communicatif, il a persuadé son pote Alex de lâcher la fac et de traverser la manche pour aller faire leur trou en Angleterre. Thibault est sûr de son coup : il a déjà passé une année Erasmus à Londres et y a conservé des contacts avec un couple d’amis chez qui ils doivent « normalement » loger les premiers temps. Quelques dernières teufs marseillaises pour dire bye-bye aux copains, et surtout leur faire miroiter la scène rock et électro à laquelle il vont avoir le privilège d’assister... Certains ne partagent pas cet entrain, dont Ludo qui a lu des articles inquiétants sur la société britannique dans le Monde Diplo. Peu importe, les deux zouaves partent finalement pour leur périple, en bus et en ferry. A Calais, ils rencontrent une bande de jeunes en minibus, qui suivent un groupe rock dans tous leurs concerts. Les deux marseillais ont vite fait de sympathiser et de se faire une place à bord du bus pour rallier Douvres à Londres, sous une pluie battante. C’est alors qu’Alex se roule un petit joint…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nouvelle venue dans la collection 32 de Futuropolis (qui édite, rappelons-le, des « feuilletons » de qualité en 32 planches, ce qui à 4,90 euros l’exemplaire est une drôlement bonne idée !), la série London Calling est scénarisée par Sylvain Runberg, l’auteur qui monte. Si le ton est plus proche des Colocataires que d’Orbital (ses 2 séries déjà parues) il est néanmoins plus acide. En effet, le récit est frais et enjoué, mais les répercussions des aventures des personnages semblent d’ores et déjà plus sévères. Dès le départ, le ton est donné : vu l’état physique et psychique du héros à l’automne, on sait que l’expérience qu’il a vécue durant l’été a été traumatisante. Prévu en 12 épisodes, le récit ne sera qu’un long flashback expliquant la raison de cette décrépitude. Dans le collimateur de Runberg, l’économie libérale à la Thatcher qui permettait alors à l’Angleterre d’avoir certes l’un des taux de chômage les plus bas d’Europe, mais qui obligeait nombre de travailleurs à cumuler deux voire trois emplois pour s’en sortir financièrement (les « poor workers »). La chronique sociale se teinte donc largement de critique politique (serait-ce en partie autobiographique ? Runberg aurait-il des comptes à rendre ?). Sur un dessin simple et moderne, et des cadrages justes et efficaces, Phicil (alias Philippe Gillot) met l’ensemble en image de manière très fluide.