L'histoire :
Persuadés qu’en partant vivre quelques mois en Angleterre, une orgie de festival rock s’offrait à eux, Thibault et Alex déchantent rapidement. Primo, Andrew, le copain de l’année Erasmus, a désormais rejoint les activistes de l’IRA. Secundo, les jobs dans le milieu du rock ne pullulent pas franchement : Thibault fait la plonge pour un self-service de Scotland Yard, tandis qu’Alex colle un peu partout, la nuit, des stickers illégaux pour un sex-shop. Tertio, ils ont attrapé la gale à force de dormir dans un squat sordide… Heureusement, ils ont croisé Lucy dans leur périple, qui les accueille tous deux chez elle – et vit une tendre aventure avec Alex. Ce dernier se fait alors choper par les flics, avec son sac à dos plein de stickers. Il s’en tire, grâce aux relations de Thibault, avec une simple réprimande. Plus tard, lors d’une soirée techno dans une friche, Thibault croise Andrew, à l’entrée. A peine a-t-il eu le temps de s’étonner que celui-ci dépose des flyers pour la lutte indépendantiste irlandaise, que deux policemen font une visite de routine. Evidemment, les flyers terroristes ne leur plaisent pas trop… et les choses dégénèrent.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On était prévenu, pourtant, on le savait dès le départ, hein, que ça allait mal se terminer cette histoire là… Le flash-forward d’introduction avait en effet le mérite de caler les choses d’entrée de jeu. Depuis lors, en gros, en 7 fois 32 planches (au lieu des 9 annoncées par le concept de la collection 32), le scénariste Sylvain Runberg tisse un implacable engrenage d’épreuves politico-sociales à travers l’Angleterre thatchérienne des années 80, pour aboutir à ce final tragique. Les différentes problématiques auxquelles sont confrontés nos jeunes héros – hooliganisme, drogue, prostitution, terrorisme indépendantiste – se rejoignent enfin et accordent tout leur sens aux séquences entraperçues. Tragique donc, certes, mais hormis ce dénouement bouleversant et cruel pour le lecteur (et… que nous tairons pour ménager le suspens), le récit n’aura jamais été alourdi par le moindre pathos, grâce à la bonne humeur de personnages rayonnant d’empathie. Le dessin simple, efficace et ultra lisible de Phicil (né Philippe Gillot), parfaitement adapté à l’ambiance, est sans doute aussi pour beaucoup dans cette chronique sociale réussie.