L'histoire :
En Adalousie, de nos jours, Manuel et Benito sont deux jeunes hommes, qui vivent au sein d’une communauté gitane. Ce qui scelle leur indéfectible amitié, par-dessus tout, c’est l’amour du flamenco, qui est à la fois une expression artistique et un état d’esprit. Ils savent qu’on les considère la plupart du temps comme des « mauvais garçons », essentiellement parce qu’hormis chanter ou danser le flamenco, ils ne font pas grand-chose de leur vie. Mais de cela, ils tirent une immense fierté. La journée, ils glandent en terrasse, inventant de nouveaux chants, s’amusant comme des chiens errants. La nuit, ils se saoulent. Même si leur subsistance les agace un peu tout de même – ils se retrouvent parfois à devenir cueilleur d’olives pour pouvoir glaner de quoi vivre quelques semaines de maigres expédients – ils refusent de tirer profit de leur art, comme certains m’as-tu-vus. Dans ce contexte, Manuel tombe amoureux d’une fille qui passe, Katia. Eperdument, irrémédiablement. Benito se moque, lui qui est promis en mariage à Rosita. Ensemble, ils vont quand même chez les putes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rendre hommage et faire honneur au flamenco qui est, plus qu’une danse, un chant ou une musique, un état d’esprit : voilà l’objectif de ce diptyque, dont les deux tomes sortent à un mois d’intervalle. Souvent immergé dans un petit village au sud de Séville, le scénariste Christophe Dabitch a visiblement été pénétré par le purisme de cet art et de cette mouvance. A travers Mauvais garçon, il tente de construire un pont entre cette expression artistique et la vie. Evidemment, « un état d’esprit », c’est quelque chose de difficile à raconter, à façonner en histoire. Les 120 et quelques pages de ce premier tome focalisent donc sur des moments de vie, des moments de grâce, une conception noble du Flamenco, plutôt qu’elles ne délivrent une intrigue à proprement parler. C’est un peu la limite et la force de l’exercice : l’hommage est là, et il touche foncièrement son propos, mais il ne palpitera guère auprès des lecteurs étanches. Ceux là peuvent toutefois se fondre littéralement dans le dessin crayonnés et « pastelisé » en niveau de gris et noirs de Benjamin Flao, d’une justesse, d’un réalisme époustouflants… Les superlatifs ne sont pas de trop : on comprend sur chaque case, chaque planche, que l’artiste soit surnommé « L’homme crayon », capable de tout dessiner. Des postures « héroïques » des gitans, leurs regards perçants, leurs tronches burinées, jusqu’aux ambiances, aux moments dansés (woh la prestation de Sarah…), son dessin est riche, beau, précis, humain… Comment peut-on dessiner aussi bien ?