L'histoire :
Manuel pointe à l’ANPE espagnole. Il n’y a pas précisément de boulot pour des gitans qui font du flamenco. Et comme il ne conçoit pas vraiment de « travailler » autrement, la conseillère lui explique, en se moquant, que leur institut ne va pas financer tous les fainéants du pays. En sortant, il croise Rosita qui le regarde droit dans les yeux en lui demandant où est son meilleur pote Benito, son promis à elle. Personne ne l’a vu depuis plusieurs jours. Elle est persuadée qu’il y a une autre femme. Elle ne se trompe pas : depuis qu’il a rencontré cette danseuse de flamenco, Benito est tout tourneboulé en dedans. Il s’est trompé, il ne peut plus se destiner à Rosita. Il en est profondément malheureux, car il sait qu’en lui avouant, il va la détruire et il ne peut se taire. Il s’en confie auprès de la vieille Sarah, qui est un peu leur maman à tous. Elle le comprend, elle le rassure, le console. Au même moment, Manuel et Katia comprennent progressivement qu’ils ne sont pas faits l’un pour l’autre. Pas la même vie, pas les mêmes ambitions. Les deux copains se racontent leurs embrouilles amoureuses réciproques…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un premier volet vraiment centré sur le flamenco, en tant qu’art et mode de vie, le second volet de Mauvais garçons focalise plus sur la vie sentimentale tourmentée de Manuel et Benito, avec une tragédie en guise de climax. L’amour, ach, douchours l’amour, qui fait valser les hommes… Les deux héros, plus amis que jamais, connaissent en effet des expériences inversées : l’un est dans le creux de la vague avec sa dulcinée, tandis que l’autre connaît un amour brûlant, impérieux, dévastateur. Sans rien raconter d’autre que cela (mais c’est déjà beaucoup), le scénario de Christophe Dabitch a cette force de nous immerger intensément au sein de cette communauté gitane qui vit en prise directe avec les émotions. Il nous laisse croire qu’ils ont accès à un mode de communication propre à eux, un sixième sens artistique, qui les éloigne radicalement des contingences bassement matérielles. Le dessin en noir/blanc/gris de Benjamin Flao marie toujours la spontanéité à une justesse dans les expressions et les postures. Le premier tome est peut-être juste un chouya au-dessus, mais dans l’ensemble, le diptyque transpire tout de même d’une vie incroyable. Si vous n’avez pas envie de chausser vos bottes de flamenco et de jouer des castagnettes après ça…